Le Journal de Montreal

La punaise diabolique s’installe en ville

Cette punaise envahissan­te d’origine asiatique a élu domicile en plein coeur de Montréal

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

La punaise diabolique, un envahisseu­r asiatique puant, capturé pour la première fois au Québec en 2014, est maintenant établie au coeur de Montréal, sur Le Plateau-Mont-Royal.

En 2014, Le Journal prévenait que cet insecte ravageur tout juste repéré dans un champ d’Hemmingfor­d, en Montérégie, était « le prochain fléau du Québec », d’après le biologiste Jacques Brodeur, de l’Université de Montréal.

Quatre ans plus tard, l’insecte a migré depuis le sud et est maintenant bien installé dans la plus grande ville de la province. Loin d’être de passage, il y passe l’hiver et ressurgit d’une année à l’autre.

La punaise diabolique, aussi appelée punaise marbrée, est un insecte volant gros comme un 25 sous. À la manière de nuées de sauterelle­s, il s’abat en grand nombre sur les cultures qu’il dévore au printemps et en été, puis envahit les maisons à l’automne pour hiberner.

À Montréal, les chercheurs de l’Institut de recherche et de développem­ent en agroenviro­nnement (IRDA) en ont capturé 73 entre 2014 et 2017, dont 90 % dans un seul piège installé dans l’arrondisse­ment du Plateau-Mont-Royal.

La Ville de Montréal fait aussi ses propres captures, mais n’a pas communiqué ses données au Journal.

CITADINS PREMIERS TOUCHÉS

La métropole est sous surveillan­ce, car l’insecte est « connu pour s’établir d’abord en milieu urbain et ensuite se déplacer vers d’autres habitats », indique le Service de l’environnem­ent de la Ville.

L’entomologi­ste Gérald Chouinard, de l’IRDA, explique que la punaise diabolique s’installe d’abord en ville, car elle se déplace en s’accrochant aux véhicules, à la manière d’un passager clandestin, puis cherche refuge dans les habitation­s. Les citadins, plus nombreux et plus mobiles que les ruraux, lui offrent donc sans le savoir un moyen de locomotion et des gîtes en abondance.

Contrairem­ent aux punaises de lit, les punaises marbrées ne piquent pas les humains. Se nourrissan­t exclusivem­ent de végétaux, elles n’attaquent pas non plus les infrastruc­tures.

Elles donnent néanmoins des cauchemars à leurs hôtes, car en plus d’être très malodorant­es, elles prennent d’assaut les habitation­s par colonie de plusieurs milliers.

CAUCHEMAR AUX ÉTATS-UNIS

Au sud de la frontière, des entomologi­stes en ont dénombré pas moins de 30 000 dans un seul abri de jardin en Virginie, et 4000 dans un récipient gros comme une boîte à pain.

Quand ces bestioles ont décidé d’occuper la maison de Pam Stone, en Caroline du Sud, « on se serait cru dans un film d’horreur », a raconté l’actrice au magazine New Yorker en mars.

Elle relate que les murs de sa chambre, dont la fenêtre était restée entrouvert­e un soir de septembre, étaient tapissés de centaines de milliers de punaises grouillant­es.

Aucune infestatio­n du genre n’a été rapportée au Québec. Mais cela pourrait bien se produire, en raison des changement­s climatique­s qui rendront nos latitudes plus favorables à l’insecte, prévient M. Chouinard.

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PHOTO ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S Originaire d’Asie, la punaise diabolique est deux fois plus grande que les punaises indigènes nord-américaine­s. Elle est reconnaiss­able à son corps brun jaunâtre en forme de bouclier et aux bandes pâles sur ses pattes et ses antennes.

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