Il retrouve son poids lourd malgré la perte d’une jambe
Le camionneur de 23 ans espère également pouvoir recommencer à skier
En voyant Alexandre Martel arriver au gym avec sa prothèse, le préposé pensait qu’il s’apprêtait à se désabonner. C’était mal connaître la détermination du jeune homme à vouloir conduire de nouveau un poids lourd malgré la perte de sa jambe gauche.
« J’ai pas mal recommencé à tout faire. Me manque juste le ski », lance à la blague Alexandre Martel, 23 ans, rencontré récemment dans la cour de l’entreprise de camionnage qui l’emploie à Drummondville.
Muni d’une prothèse, il a repris son travail comme camionneur, après de longs mois de remise en forme. Malgré sa détermination, rien ne laissait présager une remise en forme aussi rapide.
Le 18 août 2017, le jeune camionneur avait fait une mise en porte-feuille après avoir été surpris par la pluie, à la hauteur de Rivière-Beaudette, en Montérégie. Expulsé de sa cabine et couvert de carburant, il aurait facilement pu y laisser sa vie, si ce n’était de son désir de voir grandir sa fillette, âgée de 5 mois à peine à l’époque.
UN MODÈLE
Il dit garder de cet épisode « une certaine frousse » par rapport à la conduite, mais il a tout de même réussi à la mettre de côté en embarquant avec son patron, André Poirier, pour de courtes tournées.
« Alexandre, c’est un exemple pour tous », assure M. Poirier, en précisant n’avoir presque rien remarqué concernant la productivité du jeune homme.
Dans ses tâches quotidiennes, le seul petit ajustement nécessaire a été de lui procurer un diable électrique pour l’aider à déplacer les lourds chargements qu’il transporte.
Pour le reste, son permis de conduire est assorti de la condition « J » qui l’oblige à utiliser des véhicules à transmission automatique, puisqu’il ne peut plus embrayer avec son pied gauche.
Son retour au travail s’est fait de façon progressive avec d’abord 18 heures par semaine, puis finalement 30, afin de lui permettre de continuer ses traitements de réadaptation.
« C’est sûr qu’après l’accident tout était plus dur, mais au fur et à mesure les douleurs s’estompent », explique-t-il, en ajoutant avoir eu peur d’être « un poids » pour sa conjointe, ce qui ne s’est heureusement pas avéré.
SIX OPÉRATIONS
C’est d’ailleurs de son propre chef qu’il a décidé d’arrêter plus tôt que prévu les médicaments qu’il prenait pour calmer les douleurs fantômes provoquées par la perte de sa jambe.
« C’est incroyable, le progrès qu’il a fait. Il y a plusieurs personnes qui ne se seraient pas encore remises aujourd’hui des six opérations qu’il a eues », s’exclame son père, Sylvain Martel, en ajoutant que « le pire est passé ».