Internet rend-il nono ?
Au début des années 90, quand internet a fait irruption dans nos vies grâce à l’invention du World Wide Web, www pour les intimes, la Toile pour les francophones, les premiers utilisateurs, dont je fus, s’inquiétaient déjà pour l’avenir, sachant qu’internet était porteur du meilleur et du pire.
Nous nous battions à l’époque pour que la publicité n’envahisse pas le web, qu’il demeure à données ouvertes pour que le partage d’informations se fasse de manière neutre, fluide et librement.
En 1994, j’avais demandé à mon prof de techno si internet allait changer le monde. « Possible, mais ça n’arrivera pas. Le commerce va prendre le dessus. »
En entrevue au Guardian, le Britannique Sir Tim Berners-Lee, le créateur du web, explique que son invention est menacée par les fake news, les théories de conspiration, des algorithmes puissants qui manipulent le flot d’informations, la propagande ciblée grâce à l’intelligence artificielle et la publicité.
S’IL N’Y AVAIT QUE CELA
Au lieu de mieux nous informer, nous rendre plus intelligents, internet, le web, les réseaux sociaux créent de fausses réalités pour mieux nous manipuler, nous enfoncer dans la stupidité. Valider le vide.
Je l’ai ressenti dans ma moelle épinière dimanche à la lecture d’un reportage dans Le Journal sur la dermatologue Sandra Lee, célébrité du web et de YouTube, qui fait l’extraction de points noirs, boutons monstrueux et autres kystes juteux en ligne.
Elle est suivie par 4 millions d’abonnés et ses vidéos ont été vues 2,5 milliards de fois. Sans compter 2 millions de fans sur Facebook.
Son succès sur internet a mené à la création d’une émission de télé, Dr. Pimple Popper, regardée par 2,4 millions d’Américains. Elle vend aussi ses « outils » d’extraction sur le web.
Sans internet, qui le saurait ? Qui voudrait le savoir ?