WSP achète une firme au passé trouble
Louis Berger a dû verser des dizaines de millions $ en amendes pour fraude et corruption
Opération délicate pour WSP Global : la multinationale québécoise a annoncé hier l’acquisition de la firme d’ingénierie américaine Louis Berger, qui s’est rendue coupable de fraude et de corruption au cours des dernières années.
WSP paiera 521 millions $ pour Louis Berger, qui emploie 5000 personnes aux États-Unis, en Espagne, en France, au Moyen-Orient et en Amérique latine.
Basée au New Jersey, l’entreprise enregistre des revenus annuels de 625 millions $ et un bénéfice d’exploitation de 59 millions $.
FONCTIONNAIRES SOUDOYÉS
Les dernières années ont été tumultueuses pour Louis Berger. En 2015, l’ancien PDG Derish Wolff s’est vu infliger une amende de 5,5 M$ pour avoir fraudé l’Agence américaine pour le développement international en Irak et en Afghanistan. L’entreprise a reçu une amende record de 70 M$ dans une affaire connexe.
Louis Berger a aussi admis avoir versé plus de 5 M$ en pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers pour décrocher des contrats en Inde, en Indonésie, au Vietnam et au Koweït.
La firme a dû payer une amende de 22 M$ et accepter d’être suivie à la trace par le département américain de la Justice pendant trois ans. Cette dernière sanction vient tout juste d’être levée. Louis Berger s’est même retrouvé sur la liste noire de la Banque mondiale pendant un an.
« On n’achète pas un actif en difficulté, on achète quelque chose de fort qui a eu un problème et qui l’a réglé », soutient Isabelle Adjahi, porte-parole de WSP.
MARQUE « ENTACHÉE »
Mme Adjahi reconnaît que la marque Louis Berger a été « entachée » par ces scandales, mais précise que l’entreprise fondée en 1953 possède un savoir-faire enviable, notamment dans les secteurs des transports, des infrastructures et de l’eau. Cela dit, le nom Louis Berger sera remplacé par WSP d’ici un an ou deux.
Louis Berger a commencé à moderniser ses systèmes informatiques, ses processus d’affaires et ses règles d’éthique. WSP s’attend à devoir investir 65 M$ pour terminer ce travail et réaliser l’intégration des activités de l’entreprise aux siennes.
WSP entend en outre abandonner certaines des activités non rentables de Louis Berger à l’international. La firme fait toujours l’objet d’une enquête pour corruption en Inde, mais WSP n’a pas encore pris de décision quant à l’avenir de Louis Berger dans ce pays.
Auparavant connue sous le nom de Genivar, WSP a eu sa part de problèmes éthiques. L’an dernier, l’entreprise a remboursé à certaines municipalités québécoises des sommes perçues en trop pour des contrats, sans toutefois les quantifier.