Démence et finances
Peu après le décès de leur mère, les quatre enfants de Paul-Émile se sont aperçus que ça ne tournait pas rond avec les finances de leur père. L’homme de 84 ans avait toujours su bien gérer le budget familial et là, il y avait des factures qui s’accumulaient. Pire, Paul-Émile commandait sans cesse de nouvelles cartes de crédit.
En fait, il acceptait toutes les nouvelles offres qu’on lui faisait.
Peu à peu, son petit appartement s’est rempli de toutes sortes d’objets plus inutiles les uns que les autres : ensembles de couteaux de cuisine pour grand chef, exerciseurs abdominaux, livres et disques de croissance personnelle, valises, etc. Le vieil homme écoutait quotidiennement les émissions de « shopping » à la télé et remplissait ses cartes de crédit d’achats impulsifs.
BON JUGEMENT FINANCIER
Les défaillances dans son jugement en matière de saine gestion des finances personnelles ont été les signaux d’alarme pour la famille. C’était effectivement des indices que la démence resserrait petit à petit son emprise sur l’esprit de Paul-Émile.
Son fils aîné, Guillaume n’a pas hésité un instant. « Lorsque le diagnostic est tombé, nous avons eu de bonnes discussions avec papa. Ma soeur et moi avons obtenu une procuration générale notariée pour nous permettre de vérifier toutes ses opérations financières. Nous avons fait le ménage dans ses cartes de crédit et surtout, nous avons exigé de son institution bancaire qu’ils établissent différents coupe-feux, comme un plafond d’achat quotidien de 150 $ sur sa Visa. »
L’histoire de Paul-Émile s’est somme toute, bien terminée. Ses enfants ont su repérer des signes précurseurs de la maladie. On comprend qu’il faut vérifier périodiquement la capacité de gestion financière de nos aînés. Dix minutes par mois peuvent suffire. Il faut revoir avec eux les diverses transactions dans leurs comptes bancaires, d’investissements et de cartes de crédit.
Si nous ne sommes pas suffisamment attentifs, nos aînés pourraient s’appauvrir très rapidement.
En 2016, le Journal de l’Association américaine de psychologie rassembla plusieurs études sur la maladie d’Alzheimer. Elles mettaient en lumière que l’incapacité de prendre de bonnes décisions financières caractérise le début du déclin des facultés cognitives. Tous problèmes de santé mentale, comme la démence, l’Alzheimer, la dépression, les troubles bipolaires et autres désordres peuvent embrouiller le jugement et la faculté de bien gérer son patrimoine.