Le Journal de Montreal

Quand ton orientatio­n sexuelle s’avère difficile à assumer

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’aimerais partager mon expérience personnell­e avec celui dont la lettre était titrée « Un gars ben ordinaire mais troublé ». Je me suis retrouvé jadis, dans la même situation. J’ai su dès l’âge de 12 ans que j’étais homosexuel. Né dans une famille où les jokes homophobes étaient monnaie courante et me tenant avec des amis pour qui l’homophobie était élevée au rang de culture, je gardais mon secret enfoui au plus profond de moi.

J’avais honte de ce que j’étais, de ce que je ressentais, et je couchais avec des filles pour me prouver à moi-même que j’étais hétérosexu­el. Comme lui je tripais solide sur les affaires de gars tels que les chars et j’aimais beaucoup sortir avec mes amis de gars. Et comme lui aussi, je n’avais jamais eu de difficulté­s avec les femmes. Mais je n’étais pas heureux.

Ressembler à l’efféminé qui participe à la parade gay n’avait rien de bien tentant. Alors dévoiler mon homosexual­ité et risquer d’être associé à ça me faisait peur. Toutes les raisons qui laissaient planer un sentiment de honte d’être qui j’étais m’ont empêché pendant tant d’années d’être heureux. Et comme lui aussi, je souhaitais rencontrer un beau gars n’ayant pas le look gay.

À 23 ans, je me suis finalement décidé à faire mon coming out sur un statut public, directemen­t sur Facebook. À la fois surpris mais heureux, tout mon monde m’a écrit qu’il était là pour m’écouter si je désirais en discuter. Personne ne m’a supprimé de sa vie ou cessé de me parler suite à ces révélation­s. J’ai fait ce move-là en fait parce que j’avais rencontré un gars, qu’on s’aimait, qu’il tripait sur les chars comme moi, et ça fait deux ans qu’on est ensemble. Ce « gars ben ordinaire » ne devrait jamais s’associer avec des gens qui l’empêchent d’être heureux. Et s’il est entouré de bon monde, tous vont être là pour lui, pour le meilleur et pour le pire. S’il veut en discuter, car ça fait du bien d’en parler avec quelqu’un ayant vécu la même situation, je t’autorise Louise, à lui donner mon adresse courriel. Vw

Merci de ce beau partage, et même si je ne puis refiler vos coordonnée­s à ce garçon, je reste convaincue que le fait de savoir qu’un pair l’encourage à aller de l’avant vers son plein épanouisse­ment personnel, risque de lui donner le coup de pouce nécessaire pour agir dans son propre intérêt. Je dis ceci tout en tenant compte que son entourage étant majoritair­ement homophobe comme il le soulignait, le coming out risque d’être plus difficile que pour vous.

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