Le Journal de Montreal

Le Festival des gnochons

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Moins d’un an après la fin des travaux, une place publique construite au coût de 142 millions de dollars à Montréal (et inaugurée en grande pompe par l’ex-maire Denis Coderre pour célébrer le 375e anniversai­re de la ville) est déjà à refaire en partie.

Pourquoi ? Parce que des dalles de béton ont été mal installées.

LE BORDEL DE LA CONSTRUCTI­ON

C’est rendu une vraie farce.

Ça arrive tellement souvent qu’on n’est même plus surpris.

Tiens, on devrait partir une nouvelle chronique dans Le Journal.

Vous avez aimé le bordel informatiq­ue ? Voici maintenant le bordel de la constructi­on !

Des poteaux de téléphone plantés au beau milieu d’une route !

De l’asphalte étendu sur un banc de neige !

Des lignes de pistes cyclables tracées en zigzag !

Des travaux d’asphaltage qui contournen­t une station de vélos BIXI !

Des travaux d’asphaltage qui contournen­t une voiture stationnée sur le bord de la route !

Des lignes de pistes cyclables qui s’effacent parce qu’elles avaient été tracées sur du gravier, etc.

Sans oublier des nouveaux hôpitaux avec de la moisissure et des piliers du nouveau pont Champlain qui ont dû être refaits, car des morceaux avaient tendance à se détacher. Le Festival des gnochons. Coudonc, y a-t-il une chose, une seule chose qu’on est capable de faire ?

Je ne sais pas, moi, une cabane à moineaux en bâtons de popsicle ? Même là, on dépasserai­t le budget. Au lieu d’acheter des bâtons de popsicle, on achèterait des popsicles puis on embauchera­it quelqu’un pour les manger…

LA CLOCHE ET L’IDIOT

On regarde ça dans le journal et on hausse les épaules.

Une autre gaffe. Une autre job de cabochon.

On éventre une artère commercial­e pendant six mois pour refaire les égouts, puis trois mois après la fin des travaux, quand les rares commerçant­s qui n’ont pas fermé leurs portes peuvent enfin recommence­r à respirer, on ouvre de nouveau la rue pour refaire le filage !

Ça ne vous tentait pas de vous coordonner et de faire tous les travaux en même temps ? Ben non. La main droite ne sait pas ce que fait la main gauche.

Les gars du gaz n’appellent pas les gars des égouts qui n’appellent pas les gars d’Hydro qui n’appellent pas les gars de Bell…

Tout ce beau monde travaille en silo.

Regardez le système de communicat­ion d’urgence RENIR.

Ce système qui a coûté — ô surprise — des gonzillion­s de dollars est censé faciliter le travail des ambulancie­rs et des pompiers.

Or, des gens ont failli mourir parce que les ondes qui permettent aux premiers répondants de communique­r entre eux ne passent pas à travers le béton !

Ils mettent sur pied un système d’urgence URBAIN, mais ils n’ont pas prévu qu’il y allait avoir DU BÉTON !

Qui est derrière ce projet, grands Dieux ?

Les gars de Dumb and Dumber ?

TCHIK-A-TCHIK

Et ça, c’est sans parler de la corruption et de la collusion qui ont fait que pendant des années, on a refait des rues avec des matériaux de basse qualité.

Et on paie. Et on paie. Et on paie encore.

Parce que la seule chose qu’on sait faire, c’est de raser les moutons et de presser les citrons.

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Un autre travail qui est fait tout croche…
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