Abolir les pailles en plastique ne suffit pas selon les écologistes
Les entreprises doivent s’attaquer à plusieurs autres déchets de plastique plus nocifs
Les grandes entreprises se succèdent depuis quelques semaines pour annoncer le bannissement des pailles de plastique dans leurs établissements, mais ces initiatives restent insuffisantes pour s’attaquer réellement au problème des déchets de plastique, selon des groupes environnementaux.
« La paille de plastique est devenue un symbole de la pollution par le plastique, mais ça ne suffit pas. Ça ressemble de plus en plus à des campagnes de relations publiques qu’à des campagnes réfléchies à long terme, dit Loujain Kurdi, porte-parole de Greenpeace Canada. Si on commence par la paille en plastique, il faut vraiment que le reste suive. »
Après les St-Hubert, McDonald’s, A&W et Starbuck’s, Disney est le dernier géant en lice à avoir annoncé cette semaine le retrait de cet article à usage unique, qui n’est souvent pas recyclé et finit dans les cours d’eau, puis dans les océans.
BEAUCOUP DE PAILLES
Les Canadiens utiliseraient pas moins de 57 millions de pailles chaque jour selon Greenpeace. Aux États-Unis, ce serait 500 millions quotidiennement.
« On est excités de voir toutes ces entreprises éliminer les pailles de plastique de leur établissement. On le voit vraiment comme un pas dans la bonne direction. Mais c’est certain qu’il y a d’autres produits de plastique auxquels il faut s’attaquer », souligne Kate LeSouef, responsable du programme de nettoyage des rives canadiennes chez Ocean Wise.
L’organisme répertorie chaque année les 12 articles que l’on retrouve le plus sur les berges. Au Canada, les pailles viennent au 9e rang (voir le tableau à droite).
« La paille, c’est plus un vecteur. Il faut aussi que dans leurs autres gestes, les restaurants soient conséquents avec ça. On ne peut pas d’un côté bannir les pailles, mais continuer d’offrir des petits jouets en plastique emballés dans du plastique », cite Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.
POLITIQUES PUBLIQUES
Le bac de recyclage n’est par ailleurs pas une solution à lui seul. Au Canada, on produit 3,25 milliards de plastique par an et on n’arrive à recycler qu’entre 11 % et 13 % selon Greenpeace.
Des villes comme Seattle aux États-Unis ou Londres au Royaume-Uni ont d’ailleurs décidé d’aller un peu plus loin que l’interdiction des pailles de plastique.
La première vise aussi les ustensiles en plastique et la seconde compte y ajouter la vente de coton-tige ou de bâtonnets pour mélanger les cocktails.
M. Ménard croit que c’est au gouvernement de mettre en place des politiques afin d’uniformiser les actions sur un même territoire et de viser tous les plastiques à usage unique tels que les bouteilles, les ustensiles, les sacs, ou encore les couvercles à café.