Le Journal de Montreal

Un petit sac d’ordures toutes les trois semaines

La famille de quatre a adopté le mode de vie zéro déchet, qui gagne en popularit

- STÉPHANIE MARTIN

QUÉBEC | Une famille de quatre qui ne produit qu’un petit sac de déchets en trois semaines, c’est possible, affirment les adeptes de la philosophi­e zéro déchet, qui gagne en popularité.

Ce mode de vie a été popularisé par la conférenci­ère Béa Johnson, une Française établie aux États-Unis, et dont la famille de quatre ne produit qu’un demilitre de déchets par année. Sans être aussi « extrêmes », les familles que Le Journal a rencontrée­s ont réussi à diminuer considérab­lement leur quantité de déchets produits.

Une façon pour elles de « réduire au maximum leur empreinte écologique », explique Gabrielle Massé, mère de deux enfants de trois ans et huit mois.

« On produit un sac de déchets de 4 litres par trois semaines, environ, et un bac de recyclage par semaine », se félicite Gabrielle. Quant à Mélisandre Lafond, l’appartemen­t qu’elle partage avec son conjoint ne renferme que des meubles usagés. « Je pense qu’il n’y a que deux objets qu’on a achetés neufs », lance-t-elle.

Le zéro déchet implique un changement dans les habitudes de consommati­on. Pour y arriver, les adeptes ont développé une foule de trucs.

À l’épicerie, ils apportent non seulement leurs sacs pour trimballer leurs emplettes, mais aussi leurs contenants pour leurs aliments : pâtes, farine, noix, riz, épices et compagnie, qu’ils achètent en vrac le plus possible. On fait son pain et son yogourt maison pour éviter les emballages.

ABERRANT STYROMOUSS­E

La barquette de tomates en styromouss­e enveloppée de plastique est pour eux une aberration. On privilégie le panier de légumes bio. Et on consomme les fruits et légumes de saison qu’on congèle pour l’hiver. Quand ils vont au casse-croûte, certains apportent leurs bols et ustensiles pour éviter la vaisselle jetable.

Le compostage est de mise pour disposer des déchets de table et des résidus verts de façon écologique.

À la maison, on utilise des produits d’entretien ménager et d’hygiène corporelle (shampoing, savon, dentifrice, désodorisa­nt) fabriqués à la main. Les vieux tissus deviennent des mouchoirs, des serviettes de table, des napperons, des sacs, des lingettes, et une taie d’oreiller devient un chandail à la mode.

Certains fabriquent même à partir de tissus recyclés du papier de toilette réutilisab­le.

On choisit des couches et des serviettes hygiénique­s lavables. On remplace la pellicule plastique pour recouvrir les aliments par un tissu imprégné de cire d’abeille.

SAVOIR S’ORGANISER

« Le désir instantané est le pire ennemi du zéro déchet, commente Gabrielle. Il faut toujours s’organiser. »

Recevoir de la visite met aussi les conviction­s à rude épreuve. « J’ai ruiné une année d’efforts en une semaine », soupire Audrey Godinho.

Pour Gabrielle, c’est l’entourage qui est parfois compliqué à gérer. Difficile de faire comprendre aux parents et amis qu’on préfère des cadeaux non matériels pour les enfants.

« C’est économique en fin de compte, commente Renaud Huot, 14 ans, qui a incité sa famille à se mettre au zéro déchet. Tout le monde peut le faire à son échelle, avec les outils dont il dispose. »

« Ça devient naturel », ajoute son père, Michel.

« C’est beaucoup de gestion à la base. C’est un petit geste à la fois et ce n’est absolument pas lourd », témoigne Mélisandre.

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PHOTO STÉPHANIE MARTIN Mathieu Goulet, Gabrielle Massé, Mélisandre Lafond, Audrey Godinho ainsi que Michel et Renaud Huot se sont donné comme objectif de réduire leur production de déchets.

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