Plus de 115 étudiants blessés lors d’une manif au Bangladesh
DACCA | (AFP) Une centaine d’étudiants ont été blessés hier au Bangladesh dans des heurts avec la police, qui a tiré des balles en caoutchouc en direction de manifestants protestant contre l’insécurité routière, selon un médecin et des témoins.
Des milliers d’adolescents bangladais réclamant une meilleure sécurité routière ont bloqué une partie de la capitale, Dacca, pour un septième jour consécutif, hier, après la mort de deux adolescents percutés par un bus qui roulait trop vite.
Les manifestations ont dégénéré dans le quartier de Jigatala, dans le sud-ouest de Dacca. Selon des témoins, la police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes en direction des manifestants, et des milices progouvernementales ont aussi attaqué les manifestants, y compris des personnes fuyant vers les hôpitaux voisins pour y recevoir des soins.
La police a nié avoir tiré des balles de caoutchouc ou des gaz lacrymogènes en direction des manifestants. « Ce n’est pas vrai. Il ne s’est rien passé à Jigatala », a déclaré un porte-parole de la police, Masudur Rahman.
« TOUS EN DANGER »
Le personnel hospitalier a fait cependant état de dizaines de blessés, dont certains grièvement. « Jusqu’à présent, nous avons pris en charge plus de 115 étudiants blessés cet après-midi », a indiqué le médecin urgentiste Abdus Shabbir, précisant que certains d’entre eux présentaient des traces de blessures par balle en caoutchouc. « Certains étaient en très mauvais état », a-t-il souligné.
Un manifestant a indiqué que les étudiants manifestaient paisiblement sur la route lorsqu’ils ont été attaqués. « Nous nous sentons tous en danger, ici. Nous voulions une manifestation pacifique. Nous ne voulons pas de problèmes. Pourtant, des balles de caoutchouc ont été tirées sur nos frères », a raconté un étudiant, Sabbir Hossain.
Le ministre des Transports Obaidul Quader a rejeté des accusations selon lesquelles des membres du parti au pouvoir ont attaqué les étudiants. Selon lui, un bureau du parti à proximité de Jigatala a été vandalisé par des jeunes habillés d’uniformes scolaires peu avant que la manifestation ne dégénère.
MÉCONTENTEMENT GRANDISSANT
Le gouvernement du premier ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 2009, fait face depuis plusieurs mois à d’importantes manifestations de citoyens réclamant la fin du système de recrutement du service public, jugé discriminatoire.
Par crainte que le mouvement étudiant ne se mue en manifestations antigouvernementales, plusieurs ministres influents ont enjoint les étudiants à retourner en classe, sans succès.
Dès hier matin, ils étaient des milliers de jeunes, vêtus d’uniformes scolaires, à défier la pluie pour bloquer les principales intersections de la capitale.
La colère de ces jeunes a explosé après la mort, le week-end dernier, d’une fille et d’un garçon, renversés par un bus qui roulait à vitesse excessive.