Les assistés économiques
Le récent reportage de Sylvain Larocque nous renseigne sur l’ampleur des subventions fiscales dont bénéficient chaque année certains grands joueurs du secteur informatique, comme Ubisoft et CGI.
L’ampleur des montants peut nous rendre insensibles à la valeur de l’argent. Mettons-les en perspective. Avec les quelque 90 millions d’assistance à Ubisoft par année, le gouvernement du Québec pourrait doubler le budget consacré à l’achat d’aliments pour les repas aux aînés dans les CHSLD.
MISSION ACCOMPLIE
Créés à l’époque de la bulle dot. com, les crédits fiscaux dont bénéficient aujourd’hui Ubisoft et CGI visaient à stimuler l’émergence au Québec d’une industrie appartenant à ce que nous appelions alors la « nouvelle économie ». Vingt ans plus tard, on peut dire mission accomplie !
Quand les objectifs originaux d’une mission ont été atteints, doiton la maintenir coûte que coûte ? Logiquement non. Les bénéficiaires des crédits fiscaux durent donc trouver une nouvelle raison pour les justifier : la concurrence fiscale.
SURENCHÈRE
Le Québec est engagé dans une surenchère fiscale avec ses voisins pour attirer ou retenir les entreprises capables de délocaliser leur production. Ces entreprises jouent les gouvernements les uns contre les autres. Les politiciens avides de couper un ruban devant une caméra les encouragent dans cette voie.
Y a-t-il une issue à ce jeu ruineux ? Peut-être. Le nouveau gouvernement en Ontario doit maintenant trouver les moyens de réduire le déficit colossal que lui a laissé son prédécesseur. Dans la guéguerre fiscale entre le Québec et l’Ontario, la faiblesse temporaire de notre voisin représente une occasion à saisir. Le gouvernement du Québec pourrait proposer à l’Ontario un pacte de désescalade fiscal : les deux provinces se promettraient de ne plus surenchérir l’une sur l’autre. Mieux : ils réduiraient en parallèle la manne qui alourdit le fardeau des contribuables et tarit le financement des services publics.