Le Journal de Montreal

Psycho / Lecourier

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Chicane de famille en vue

Nous avons trois enfants. Des jumelles de 28 ans et un garçon de 33 ans. Une jumelle est mariée et a un enfant et l’autre va se marier en septembre. Notre fils est séparé de sa blonde avec qui il a eu une petite fille. Sa consommati­on de drogue et d’alcool fut à l’origine de sa séparation, ce qui l’a privé de la possibilit­é d’avoir son enfant en garde partagée.

Mon fils a toujours été fragile sur le plan des émotions, et sa réponse spontanée à cette fragilité a toujours été la colère. Ce qui le porte à poser des gestes et à prononcer des paroles violentes. Mon mari travaillan­t beaucoup à l’extérieur, je me suis souvent retrouvée seule pour gérer ses débordemen­ts.

J’admets avoir manqué de rigueur avec lui comme me le disaient souvent mes filles. Mais comme elles étaient deux pour faire face à la vie et qu’elles se sont toujours soutenues, je sentais que je devais faire équipe avec mon fils pour qu’il trouve en moi un certain réconfort quand les crises venaient.

Ma deuxième fille se marie donc en septembre. Vu que son frère a du mal à se tenir en société, qu’elle garde un très mauvais souvenir de ses débordemen­ts lors du mariage de sa soeur, elle a décidé de ne pas l’inviter à son mariage. Comme de plus elle s’apprête à épouser un garçon en vue du coin, j’imagine qu’elle veut se donner toutes les chances de bien paraître devant sa belle-famille.

Mais je n’accepte pas sa décision. On ne met pas de côté un membre de sa famille dans un moment aussi important de sa vie. Son frère n’a peut-être pas toujours été à la hauteur, mais présenteme­nt il est en cure, et je le trouve très présentabl­e. J’ai fait quelques tentatives pour en discuter avec elle, mais elle refuse de revenir sur sa décision. Selon elle, son frère est irrécupéra­ble.

Mon mari refuse d’intervenir sous prétexte que c’est à notre fille et son futur mari de décider qui ils invitent. Et mon autre jumelle considère que sa soeur a raison d’agir comme elle le fait, vu qu’elle lui en veut encore d’avoir bousillé son mariage à elle. J’ai tellement peur que d’être ainsi écarté d’une fête de famille ça pousse mon fils vers la rechute. Il est si fragile qu’on doit au contraire unir nos forces pour l’aider à tenir le coup. Je songe à ne pas aller à ce mariage, mais j’aimerais avoir votre avis. Mère un jour, mère toujours

Je partage l’avis de votre mari. Vous ne pouvez pas décider à la place de votre fille et de son conjoint de ce qu’ils jugent adéquat pour leur mariage. Certes il vous est permis d’exprimer votre désaccord, mais ça s’arrête là. Et ne pas vous présenter à ce mariage serait une insulte à l’endroit de votre fille, qui ne mérite pas de se faire dire que vous lui préférez son frère.

Votre fils récolte ce qu’il mérite, et s’il ne suffit que de ça pour qu’il arrête sa cure, ça en dit beaucoup sur le peu de sérieux de sa démarche de sobriété. Vous avouez vous-même qu’il a eu des comporteme­nts inadéquats lors de précédente­s fêtes, il est donc normal que votre fille veuille s’éviter la honte qu’a connue sa soeur. Au lieu de jouer l’innocence en faisant sentir votre désapproba­tion à votre fille, vous devriez vous appliquer à faire entendre raison à votre garçon en le mettant face à sa responsabi­lité sur le sort qui lui est réservé. Car il a plus besoin d’un renforceme­nt ferme et positif à poursuivre sa cure afin de mériter ultérieure­ment le respect des autres, que de se faire traiter comme l’enfant qu’il n’a jamais cessé d’être pour vous. J’espère que votre mari vous épaulera dans cette démarche cruciale pour l’avenir de votre fils.

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