UN HELLS RÉCLAME 3 M$ AU GOUVERNEMENT
Il poursuit les autorités, une ex-procureure et un délateur pour détention illégale
Affirmant avoir été incarcéré « illégalement » pendant 17 mois, un Hells Angel de Sherbrooke blanchi de toutes accusations réclame 3 millions $ aux autorités, à une ex-procureure et à un délateur.
Christian Ménard «soutient que les accusations portées contre lui, qui ont finalement été abandonnées par la Couronne plus de six ans plus tard, ont été introduites et maintenues de mauvaise foi, avec un motif autre que celui de l’application de la loi, soit celui d’anéantir les Hells Angels... », lit-on dans la poursuite déposée jeudi dernier au palais de justice de Montréal et dont Le Journal a eu copie.
Coïncidence ou simple calcul, le montant que Christian Ménard souhaite obtenir en dédommagement s’apparente grandement à celui qu’a reçu le délateur Sylvain Boulanger pour incriminer ses anciens frères motards.
L’homme de 40 ans réclame solidairement 3 millions $ à la Procureure générale du Québec – représentant le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et la Sûreté du Québec (SQ) –, à l’ex-procureure de la Couronne Me Madeleine Giauque et au motard repenti Sylvain Boulanger.
Boulanger a quant à lui reçu la somme de 2,9 millions $ et l’immunité pour ses crimes en échange de sa collaboration avec la Sûreté du Québec dans l’opération SharQc, qui a donné un dur coup aux Hells Angels en 2009.
Vu l’échec du mégaprocès en 2015, le délateur le mieux payé du Québec n’a toutefois pas eu à témoigner, et ses allégations n’ont pu être testées par les avocats de la défense.
ACCUSÉ DE MEURTRE
Membre du chapitre de Sherbrooke depuis 2005, Christian Ménard a été arrêté lors de la rafle policière du 15 avril 2009.
Il a été inculpé de complot pour meurtre, de complot pour trafic de drogue, de trafic de drogue, de gangstérisme et du meurtre prémédité de Robert Léger.
Des accusations qui ont toutes été retirées dans les années suivantes, au terme de décisions judiciaires ou à la demande du DPCP.
Détenu jusqu’en octobre 2010, Ménard a par la suite été libéré sous de nombreuses conditions, qu’il a dû respecter pendant cinq ans, allègue la poursuite.
Celui qui oeuvre maintenant comme entraîneur en conditionnement physique affirme que « son incarcération et ses conditions ont affecté toutes les facettes de sa vie, tant au niveau économique que social ».
RÉPUTATION « ENTACHÉE »
Le motard soutient que sa réputation a été « entachée de manière indéniable » et que « son nom demeure toujours attaché à un meurtre, et cela le suivra toute sa vie ».
Dans ses déclarations aux policiers de la SQ, le délateur Sylvain Boulanger aurait impliqué Christian Ménard dans l’homicide du Bandidos Robert Léger, survenu en août 2001, à la fin de la guerre des motards.
Or, selon la poursuite, les enquêteurs avaient en leur possession une information contradictoire stipulant que Ménard avait été vu en Ontario le jour du meurtre.
« Le Demandeur a toujours clamé son innocence, refusant plusieurs offres de règlement, préférant être acquitté par le tribunal », précise la requête.
Les avocats de Christian Ménard n’ont pas rappelé Le Journal hier.
Le ministère de la Justice et Me Madeleine Giauque, maintenant à la tête du Bureau des enquêtes indépendantes, ont refusé de commenter la poursuite. Le Journal n’a pas pu joindre Sylvain Boulanger.