Le Journal de Montreal

Louise Deschâtele­ts

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je conteste la validité de ta pensée du jour « On devient qui l’on a décidé d’être », issue de la réflexion de l’auteur Marc Lévy. Pour moi, ça correspond à une forme de pensée magique du genre : « Comment se faire accroire qu’il ne pleuvra pas quand le ciel est complèteme­nt couvert de gros nuages noirs ? »

Quand un enfant n’a rien reçu de bon en venant au monde, ni de ses parents, ni de qui que ce soit d’autre, parce que personne dans son entourage n’était équipé pour lui donner son premier coup de pouce, comment veux-tu qu’une fois adulte il puisse changer ? Comme on ne lui a rien offert pour grandir, il restera à jamais un enfant en dedans. Comment veux-tu que les gens qu’il croisera une fois adulte, voient en lui autre chose qu’un enfant mal parti ?

Tu vas me dire que les choses ont changé, que de nos jours le rattrapage est possible, mais si peu. Je ne suis pas Marc Lévy, mais avoue que le titre, la profession, l’habit ou l’épaisseur du portefeuil­le a une grosse importance sur ce qu’un individu devient. Moi, je dirais plutôt qu’on devient qui on peut être avec le bagage qu’on a reçu et le rattrapage qu’on peut faire. Et c’est là que le bât blesse, selon moi.

Il y a de grands bouts qui ne se rattrapent jamais malheureus­ement. Exactement comme dans la chanson « Mais tout le temps qui passe ne se rattrape guère ! Mais tout le temps perdu ne se rattrape plus ! » On devient ce qu’on est capable d’être, en fonction de nos forces et de notre caractère, oui, mais combien d’embûches sur le chemin sont infranchis­sables ? Y as-tu pensé Louise ? J’ai le regret de te dire que pour plusieurs qui n’ont rien reçu à la base, ce sera mission impossible d’être ce qu’ils voudraient être. Et plusieurs parmi eux, tellement habitués à n’avoir rien, laisseront passer le bon qui se présentera à eux pour le laisser aux autres qu’ils croient plus méritants. C’est bien beau le positif, mais il y a aussi le réalisme que l’on se doit d’affronter de façon positive !

Ginette

Au risque de vous faire hurler, je trouve qu’en voulant détruire le bien-fondé de cette pensée du jour, vous en arrivez, par des détours je l’admets, quasiment à la même conclusion. Celui qui affronte sa réalité, aussi difficile soit-elle, avec réalisme, quand il a la volonté qu’elle change, va faire les efforts pour qu’elle change. On s’entend que pour certains, ce sera plus difficile que pour d’autres, mais compte tenu du niveau de résilience de chacun, une éclaircie dans un ciel sombre risque de poindre.

Réussir sa vie est un acte de volonté. La science elle-même le dit, puisqu’elle a découvert que le cerveau est extrêmemen­t malléable. J’ai même lu sur un site un fait que j’ai moi-même constaté dans mon entourage, à savoir que « Quantité de gens ont transformé radicaleme­nt leur existence parce qu’ils se sont simplement donné les moyens en changeant leur manière de voir ».

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