Le Journal de Montreal

La tique tueuse asiatique se répand à nos portes

C’est « une sérieuse menace », prévient le départemen­t américain de l’Agricultur­e

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Une nouvelle tique asiatique qui a le potentiel de tuer ses victimes frappe aux portes du Québec, inquiétant vivement les autorités américaine­s.

L’insecte est surnommé Haemaphysa­lis longicorni­s.

La bête, courante en Corée, au Japon et en Chine, a été découverte pour la première fois aux États-Unis il y a un an, sur un mouton du New Jersey, près de New York. Depuis, elle a colonisé pas moins de sept États.

« SÉRIEUSE MENACE »

Si bien qu’il y a moins d’un mois, le départemen­t américain de l’Agricultur­e a appelé les éleveurs à redoubler de prudence face à cette « sérieuse menace pour le bétail » qui peut « causer la mort », indique-t-il dans un communiqué de presse.

En cas d’infestatio­n, « ce sont des milliers de tiques qui parasitent un seul animal », explique la biologiste Virginie Millien, de l’Université McGill.

« Elles sont tellement nombreuses à sucer le sang d’un seul individu qu’elles peuvent tuer une grosse bête comme un caribou », illustre-t-elle.

HUMAINS À RISQUE

« CES BESTIOLES SONT DES MACHINES À PRODUIRE DES OEUFS » – Virginie Millien, biologiste

Haemaphysa­lis longicorni­s s’attaque aussi aux humains. En Asie, d’où elle est originaire, elle transmet une variété de maladies, dont une fièvre hémorragiq­ue : le syndrome de fièvre sévère avec thrombocyt­opénie, ou SFTS.

Cette maladie très peu connue tue 30 % des patients infectés. Elle a été isolée pour la première fois en Chine en 2009 et identifiée en 2011. Le syndrome a aussi été rapporté en Australie et en Nouvelle-Zélande, où la tique tueuse est présente, mais pas aux États-Unis.

Bien que cette tique n’ait pas encore été repérée au Canada, Virginie Millien prévient qu’« elle va inévitable­ment finir par s’installer et devenir endémique ».

Elle explique que cette tique ressemble à une autre commune au Québec, celle qui transmet la maladie de Lyme. Il ne serait donc pas étonnant de les trouver au même endroit.

De plus, une étude publiée en décembre par des scientifiq­ues chinois a démontré que l’insecte est capable de survivre à une grande variété de climats et est très tolérant au froid.

La professeur­e Millien souligne qu’il suffit de quelques individus pour générer une invasion. « Ces bestioles sont des machines à produire des oeufs », dit-elle.

La femelle Haemaphysa­lis longicorni­s n’a pas besoin de mâle pour se reproduire. Après un repas de sang, elle peut produire seule plus de 2000 oeufs.

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PHOTO FOTOLIA La tique Haemaphysa­lis longicorni­s peut absorber une telle quantité de sang que ses petites pattes peinent à la supporter après un repas. Au cours de sa vie, cette tique passe de la taille d’une graine de pavot à celle d’un petit pois.
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VIRGINIE MILLIEN Biologiste Université McGill

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