Grand retour des Canadiens en Afrique
Pratiquement absents du continent depuis 25 ans, nos militaires confrontés aux conditions difficiles du Mali
GAO | (AFP) À vive allure, un hélicoptère canadien dépasse le fleuve Niger, puis s’enfonce dans la savane, tandis que les deux artilleurs, bien accrochés à leurs mitrailleuses, scrutent le sol. Quand soudain la pilote annonce : « Une jauge est à l’arrêt, on n’a plus qu’un seul moteur ».
Récemment déployés au Mali, les Casques bleus canadiens découvrent un conflit et des conditions climatiques qui ne ressemblent en rien aux dernières opérations auxquelles Ottawa a pris part.
Voler dans le nord du Mali, « c’est comme quand on travaille dans l’Arctique, il faut juste remplacer la glace par le sable et les -40 degrés par les +40 », plaisante le lieutenant-colonel Chris Morrison, commandant du détachement aérien canadien déployé à Gao. Dans le Sahara, les appareils sont soumis à des conditions extrêmes et « il y a peu de pistes pour se poser », pour par exemple effectuer des réparations ou faire le plein, remarque cet officier déployé par le passé en Bosnie et en Afghanistan.
M. Morrison coordonne notamment les sorties de ses appareils en fonction des besoins de la force des Nations unies (MINUSMA) qui compte 14 000 hommes, dont désormais 250 Canadiens.
CAMP CASTOR
Arrivés en juillet, les soldats à la feuille d’érable se sont établis au Camp Castor, où sont installés également environ 900 militaires allemands et une centaine de Néerlandais. Les alliés de l’OTAN sont collés sur le SuperCamp de l’ONU.
De leur base établie aux portes du désert, les Canadiens déploient depuis le début du mois deux hélicoptères Chinook transformés en ambulances volantes, appuyés par quatre hélicoptères Griffon d’attaque.
Après le retrait des appareils allemands, qui assuraient cette mission médicale, les Nations unies avaient pressé Ottawa de hâter son déploiement annoncé par Justin Trudeau, bien décidé à réinvestir le Canada dans les opérations de maintien de la paix.
Cette mission malienne constitue un grand retour pour les militaires canadiens, qui avaient été quasiment absents d’Afrique pendant un quart de siècle, après l’échec des missions en Somalie (1992-1993) et au Rwanda (1993-1996).