Le facteur Barrette
Le volcanique ministre de la Santé Gaétan Barrette m’a fait penser à Donald Trump vendredi dernier. Son bilan étant attaqué par Claude Castonguay, le docteur Barrette a répliqué que l’ex-ministre respecté n’était même pas le véritable « père de l’assurance maladie ».
C’est malheureux, cette propension à attaquer les individus, plutôt que répondre sur les faits. Il faut dire que l’ex-ministre libéral n’avait pas mâché ses mots pour décrire dans une lettre ouverte le mandat de Gaétan Barrette.
Il parlait d’un « énorme échec » et d’un « immense gâchis », notamment sur la question de la rémunération des médecins.
En entrevue au 98,5, même s’il a dit ne pas réagir sur le ton « des attaques personnelles », Gaétan Barrette a lâché que M. Castonguay n’était pas le père de l’assurance maladie. Pour lui enlever le mérite, quoi.
Pourtant M. Castonguay a implanté le régime sous le gouvernement de Robert Bourassa en 1970. Que le modèle ait été inspiré des régimes ontariens et saskatchewanais ne permet pas de discréditer sa contribution importante.
Le président américain a cette détestable manie. La célèbre Meryl Streep critique son gouvernement ? Il réplique en la traitant de comédienne surévaluée. Des joueurs de la NFL protestent pendant l’hymne national américain ? Il tweete que les matchs de football sont ennuyants comme la pluie.
GOÛTER À SA MÉDECINE
La péquiste Diane Lamarre a goûté à maintes reprises aux écarts du ministre Barrette, tout comme la présidente de la Fédération des médecins spécialistes, Diane Francoeur, à qui il a refusé de serrer la main au terme d’un échange en commission parlementaire.
Le docteur s’en est pris aussi sans raison aux représentants de l’Association professionnelle des pharmaciens salariés venus présenter leur point de vue lors d’une consultation, en s’interrogeant sur leur choix de carrière. Comme si un professionnel qui a décidé de ne pas être propriétaire de sa pharmacie en était un de seconde zone. Hébétés, ils avaient dû défendre leur choix de vie devant les parlementaires.
Et pourtant. Gaétan Barrette n’a tellement pas besoin de ça.
Je me rappelle lorsqu’il représentait les médecins spécialistes, il avait invité les journalistes à une rencontre informelle pour expliquer les enjeux en santé. Clair, habile pédagogue, il avait fait bonne impression.
COUILLARD LE DÉFEND
D’ordinaire, la question ne se pose pas vraiment. Mais en entrevue avec Philippe Couillard cette semaine, je lui ai demandé s’il n’avait pas envie de dire aux Québécois s’il laisserait ou non son controversé ministre aux commandes à la santé. Parce que, aux yeux de plusieurs, l’imprévisible ministre fait partie du problème, malgré certains progrès enregistrés depuis la mise en place de ses réformes.
Le premier ministre a défendu le membre de son équipe, sans jamais nier qu’il pouvait parfois faire du mal à l’image de son gouvernement.
« Je comprends que le style de M. Barrette est parfois un peu abrasif, mais les réalisations sont souvent très intéressantes. Les progrès ont été importants, maintenant, on formera un autre gouvernement quand il y aura un autre mandat. »
Dans une lutte serrée, le « facteur Barrette » pourrait être déterminant…