Le Journal de Montreal

Insatiable, c’est nul

Bientôt en ligne, la controvers­ée série de Netflix ennuie plus qu’elle n’offusque

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX

Accusée de grossophob­ie avant même d’être diffusée, la série Insatiable de Netflix a fait couler beaucoup d’encre le mois dernier. Notre verdict, après avoir regardé les quatre premiers épisodes en primeur avant leur mise en ligne vendredi ? Le vrai scandale, c’est à quel point c’est mauvais.

Parue plus tôt cet été, la bande-annonce d’Insatiable avait mis le feu aux poudres de plusieurs associatio­ns et personnes soucieuses des troubles alimentair­es qu’elle pourrait déclencher chez certains individus en surpoids. On y suivait Patty (Debbie Ryan), une étudiante au secondaire souffrant d’embonpoint qui perd ses kilos en trop après avoir reçu un coup de poing au visage, la forçant à garder la mâchoire fermée durant ses vacances d’été.

De retour en classe en septembre, dorénavant mince et désirable, elle décide de prendre sa revanche et de punir tous ceux qui riaient d’elle.

Situez le tout au pays de Donald Trump, dans un État du sud (faux accents inclus) où pullulent les concours de beauté de style miss, ajoutez quelques personnage­s secondaire­s aussi colorés que caricatura­ux et truffez les dialogues de curieuses références aux longs métrages de Drew Barrymore, et vous savez maintenant tout ce que vous devez savoir sur cette « satire » créée par Lauren Gussis (Dexter).

FORMULE USÉE

Les 222 000 signataire­s d’une pétition visant à bloquer la diffusion d’Insatiable ont-ils raison de croire que l’histoire de Patty perpétue « la culture des diètes » et « objective le corps des femmes » ? Pas sûr. Du moins, pas plus que n’importe quel teen movie américain (She’s All That, Never Been Kissed, The House Bunny, Grease, Le journal d’une princesse) articulé autour d’une héroïne qui devient populaire du jour au lendemain après avoir subi une « métamorpho­se extrême ».

Insatiable ne fait que reprendre ce scénario éculé au possible, lui ajoutant quelques répliques d’un goût discutable, comme ces blagues de cancer anal au premier épisode.

PÂLE COPIE

Dépeinte comme une comédie noire pour adolescent­s, Insatiable déçoit. En écrivant le scénario, les auteurs voulaient clairement rivaliser avec quelques films marquants du genre, comme Heathers (1988) et Jawbreaker (1999). Hélas, toute tentative de comparaiso­n révèle combien il s’agit d’une pâle copie.

À côté d’elle, même d’anciennes séries similaires plus ou moins réussies comme Popular (1999) et Scream Queens (2015) ont l’air de véritables chefs-d’oeuvre.

AVEC ÉNERGIE

Les acteurs livrent des performanc­es énergiques, mais aucun d’entre eux n’arrive à vraiment nous toucher, faute de textes de qualité. Malgré tout, Dallas Roberts (The Good Wife) s’illustre en avocat déshonoré et passionné de concours de miss. Et Alyssa Milano (Charmed), toujours aussi charismati­que, se démène comme une diablesse dans l’eau bénite pour ajouter un petit supplément d’âme aux scènes auxquelles elle participe.

Sans être complèteme­nt indigeste, Insatiable sera rapidement oubliée. N’eût été le scandale du mois dernier, elle serait passée totalement inaperçue.

Insatiable atterrit sur Netflix vendredi. Également offerte en version française et sous-titrée.

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PHOTOS 1. Dans Insatiable, Dallas Roberts incarne un avocat passionné de concours de beauté qui prendra Patty (Debby Ryan) sous son aile. 2. La série a été accusée de grossophob­ie avant même d’être diffusée. 3. Alyssa Milano apparaît au générique....
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