L’Arabie saoudite et La servante écarlate
Quand j’ai vu ce qui se passe entre le Canada et l’Arabie saoudite (qui a renvoyé notre ambassadeur parce qu’on a osé critiquer la façon dont ils traitent les militantes des droits des femmes), j’ai tout de suite pensé à La servante écarlate.
Cette série culte, basée sur le roman dystopique de Margaret Atwood, dépeint ce qui arriverait aux ÉtatsUnis (devenus la république de Gilead) si les femmes étaient réduites à des citoyens de seconde zone. Mais en Arabie saoudite, c’est déjà comme ça ! Riyad, c’est Gilead !
ATTENTION, DIVULGÂCHEUR !
C’est fou le nombre de parallèles qu’on peut faire entre cette série de fiction (dont on peut voir la deuxième saison sur Club illico) et la réalité saoudienne.
Dans l’épisode 9, le commandant Waterford se rend à l’étranger pour un voyage diplomatique, comme ambassadeur, mais après des manifestations, il est chassé du pays à cause de la façon dont sa république traite les femmes. Et quel est ce pays qui le critique ? C’est le Canada !
Dans La servante écarlate, June (Elisabeth Moss) refuse de lancer la pierre à une autre servante lors d’une séance de lapidation. Or savez-vous comment on punit les femmes adultères en Arabie saoudite ? En les lapidant.
À Gilead, une théocratie militaire, les femmes sont obligées de recouvrir leur corps au complet d’un long morceau de tissu qui cache aussi leurs cheveux.
En Arabie saoudite, une théocratie militaire, toutes les femmes vivant dans le royaume doivent porter de longues robes amples. La seule différence, c’est que la robe est écarlate à Gilead, noire à Riyad.
Dans le dernier épisode de la saison 2, quand une femme ose demander plus de pouvoir, elle est punie et se fait couper un doigt. En Arabie saoudite, le vol est puni par l’amputation d’une main.
À Gilead, les femmes sont réduites à trois rôles : épouse fidèle, femme de ménage ou usine à bébés. Elles appartiennent à un homme dont elles portent le nom : si ton maître s’appelle Fred, tu t’appelles Defred.
En Arabie saoudite, les femmes sont considérées comme des mineures et doivent obtenir la permission d’un homme pour travailler ou voyager. Depuis le début de la série, je regarde La servante écar
late comme si c’était non pas une fiction sur les ÉtatsUnis, mais un documentaire sur l’Arabie saoudite.
Depuis le début, je me pose la question : pourquoi les féministes occidentales décrivent-elles cette série comme étant une mise en garde sur l’avenir de l’Amérique de Trump au lieu de voir que c’est une description de la réalité actuelle des Saoudiennes ?
Dans le New York Times, en mai 2017, la poétesse saoudo-américaine Majda Gama racontait qu’elle avait été incapable de dormir après avoir vu les premiers épisodes de La servante écarlate.
« Ce que Defred vivait comme une fable de mise en garde pour l’avenir ressemblait plutôt à la réalité que j’avais vécue. Ce qui pour une femme est une dystopie, pour une autre est une réalité concrète. »
TA FICTION, MA RÉALITÉ
L’élément déclencheur de la crise diplomatique entre le Canada et l’Arabie saoudite est un tweet demandant la « libération immédiate » de Samar Badawi, militante des droits de la femme.
Exactement comme si le Canada exigeait la « libération immédiate » d’une servante écarlate nommée June.