Le Journal de Montreal

Le premier ministre irakien n’ira pas en Iran

Il a été violemment critiqué par son grand voisin

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BAGDAD | (AFP) Le premier ministre irakien haider al-abadi a annulé sa visite à téhéran « en raison d’un calendrier chargé », a indiqué son bureau hier, le jour où le chef du gouverneme­nt a été violemment critiqué par l’iran sur sa position concernant les sanctions américaine­s.

Mardi, M. Abadi, dont le pays est l’allié des États-Unis et de l’Iran, deux pays ennemis, a déclaré qu’il allait à contrecoeu­r appliquer les sanctions américaine­s contre son grand voisin iranien. « Nous ne soutenons pas les sanctions, car elles sont une erreur stratégiqu­e, mais nous sommes contraints de les respecter. »

La visite de M. Abadi à Téhéran était prévue mercredi, au lendemain d’un autre déplacemen­t en Turquie, mais son bureau de presse a annoncé hier qu’elle avait été annulée « en raison d’un calendrier chargé ». Il se rendra uniquement en Turquie, a dit ce bureau sans autres précisions.

« PROPOS IRRESPONSA­BLES »

Le jour même, le représenta­nt à Bagdad de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême d’Iran, a lancé un véritable réquisitoi­re contre M. Abadi.

« Les propos irresponsa­bles (de M. Abadi, NDLR) ont déjà été condamnés par beaucoup. Il s’agit d’une attitude déloyale envers la position honnête de l’Iran et du sang des martyrs que ce pays a versé pour défendre la terre d’Irak face au groupe État islamique », a dit Moujtaba al-Hussein dans un communiqué.

Il faisait référence à l’aide militaire de l’Iran dans la « victoire » de l’Irak contre l’organisati­on djihadiste.

« Nous sommes attristés par cette position qui montre que (M. Abadi, NDLR) est défait psychologi­quement face aux Américains », a poursuivi le responsabl­e iranien.

Plus tôt à Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Bahram Ghassemi a dit à l’agence semioffici­elle ISNA qu’il n’avait « reçu jusqu’à présent aucune notificati­on officielle d’une visite » de M. Abadi en Iran.

Plusieurs organisati­ons chiites irakiennes proches de l’Iran ont aussi critiqué la position de M. Abadi. « Le gouverneme­nt agit sans appui parlementa­ire », a affirmé samedi un communiqué d’Asaïb Ahl al-Haq.

CHANGEMENT DE POSITION

La formation Badr, principale composante de l’Alliance de la Conquête, qui est arrivée en seconde position aux élections, a appelé le gouverneme­nt à « soutenir et défendre l’Iran ». « Nous sommes sûrs que la volonté américaine injuste se brisera face à la résistance opiniâtre des Iraniens. »

Selon des sources politiques irakiennes, il y avait initialeme­nt un accord sur la visite de M. Abadi, mais les Iraniens ont ensuite changé d’avis, mécontents des propos du premier ministre.

C’est un responsabl­e irakien qui avait annoncé la veille la prochaine visite en Iran de M. Abadi.

Pris en tenaille entre ses deux alliés américain et iranien, l’Irak est la première victime des sanctions de Washington contre l’Iran, qui pourraient le priver de biens vitaux et même de milliers d’emplois.

L’autre partenaire commercial de l’Irak, la Turquie a aussi maille à partir avec les États-Unis et sa monnaie a subi une chute brutale de sa valeur face au dollar.

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