Le Journal de Montreal

Un manque de classe

- RÉMI NADEAU

Ce n’est pas la première fois qu’un parti pousse un élu plus âgé vers la porte.

Philippe Couillard l’a fait avant l’élection de 2014, notamment avec l’ex-ministre du Revenu Lawrence Bergman. Pauline Marois a aussi conseillé à son amie Marie Malavoy de se retirer pour offrir le comté sûr de Taillon à Diane Lamarre.

Mais François Ouimet, lui, n’a que 58 ans. Fier élu libéral depuis 24 ans, il n’a jamais mis son parti dans l’embarras, ni joué dans les plates-bandes de ses collègues.

Les organisate­urs libéraux ont fait circuler la rumeur qu’il pourrait ne pas être sur les rangs en vue de la prochaine élection, le printemps dernier.

Pour mettre les choses au clair, il a obtenu une rencontre avec son chef Philippe Couillard, qui l’a regardé dans les yeux, lui a serré la main et l’a assuré qu’il serait candidat.

Réconforté, il s’est préparé à faire campagne et a même pris la photograph­ie pour les publicités électorale­s il y a trois semaines. Puis, il a été jeté comme une vieille chaussette la veille de son investitur­e, qui devait avoir lieu mercredi.

TRAHISON

Ce coup fourré est perçu comme une trahison dans les rangs libéraux. « Je suis bouche bée. Ça vient vraiment me chercher, ça me laisse un goût… » a commenté un député, en refusant de compléter le fonds de sa pensée.

Un autre s’est dit « sans mot ». Estce que ça entachera l’image du chef libéral quant à la valeur de sa parole ? « … d’après toi… », a-t-il soufflé, entre de profonds soupirs.

Mais quelle mouche a piqué les libéraux ? Tout ça pour pouvoir « spinner » que François Legault deviendra le doyen de l’Assemblée nationale et qu’il ne peut représente­r le changement ? L’argument un peu puéril est maintenant éventé et Philippe Couillard prêtera flanc à toutes les attaques sur sa droiture.

Et en plus, un loyal membre de l’équipe est sacrifié pour faire place à… Enrico Ciccone ! Sans lui manquer de respect, ce n’est pas exactement comme si le PLQ avait mis la main sur un futur ministre des Finances.

Les élus libéraux ont souvent déploré le manque d’égard du chef et de son entourage à leur endroit. Ils sont plus désillusio­nnés que jamais alors qu’ils doivent pourtant serrer les rangs pour mener bataille.

« L’entourage de M. Couillard et les stratégies, il y a un enjeu là depuis quatre ans. On ne cesse d’être surpris, même quand on est à l’intérieur du navire. »

C’est un élu libéral, dépité, qui le dit…

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