Le Journal de Montreal

Les angoisses du souveraini­ste lucide

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Une catégorie particuliè­re d’électeurs fera face à un épineux dilemme dans l’isoloir le 1er octobre.

Cette catégorie, c’est celle des gens qui croient encore à la souveraine­té du Québec, même s’ils sentent les vents contraires.

Forcément, ces gens gardent une tendresse pour le PQ parce qu’il est le parti qui, plus que tout autre, incarne cette idée depuis sa fondation, il y a exactement 50 ans.

CONSÉQUENC­ES

Si vous êtes un ex-souveraini­ste, quelqu’un qui pense que cette idée ne deviendra jamais réalité, comme François Legault, si vous êtes devenu un fédéralist­e résigné ou enthousias­te, alors voter pour la CAQ est un choix facile.

Mais si la flamme de la souveraine­té, bien que vacillante, n’est pas complèteme­nt éteinte en vous, le choix est beaucoup plus compliqué.

Normalemen­t, un souveraini­ste vote pour un parti souveraini­ste, non ? Donc pour le PQ. Je sais, il pourrait voter pour QS, mais si on a des oreilles pour entendre, les vraies priorités de QS sont la lutte à la pauvreté, la chasse aux racistes, les revendicat­ions LGBTQ2 et la liquidatio­n du PQ.

Donc, un souveraini­ste « ordinaire » devrait logiquemen­t voter pour le PQ, non ? Euh, pas nécessaire­ment. SI le PQ lui-même repousse aux calendes grecques la souveraine­té, pour des raisons dont il n’est pas responsabl­e, il est compréhens­ible et pas du tout condamnabl­e qu’un souveraini­ste soit tenté d’aller voir ailleurs.

Il est d’autant plus tenté d’aller voir ailleurs s’il veut absolument se débarrasse­r du PLQ, installé au pouvoir depuis trop longtemps.

Mais si beaucoup de souveraini­stes raisonnent ainsi, le PQ sera pulvérisé, réduit à une poignée de sièges, comme le Bloc.

Relancer ensuite le projet souveraini­ste, pour ceux qui y croient encore, sera d’autant plus ardu.

Un parti, c’est une organisati­on, des porte-parole, de l’argent, un accès aux médias, etc.

D’un autre côté, si ces souveraini­stes restent fidèles au PQ, ne font-ils pas le jeu d’un PLQ qui se maintient au pouvoir avec l’appui massif des minorités non francophon­es et en raison de la division en trois camps des francophon­es opposés à lui ?

DILEMME

Pour le dire autrement, il n’est pas impossible qu’un souveraini­ste qui vote pour la CAQ contribue à porter un coup mortel au PQ.

Mais il n’est pas impossible non plus qu’un souveraini­ste qui reste fidèle au PQ, alors que c’est la CAQ qui est la mieux placée pour battre le PLQ, fasse le jeu d’un PLQ… qui est le pire ennemi de la souveraine­té.

Pour le dire encore autrement, le proverbial vote « tactique » pourrait, cette fois, avoir des conséquenc­es dramatique­s et historique­s.

Mais un vote fondé sur la fidélité à un idéal pourrait aussi, cette fois, aider… les pires ennemis de cet idéal.

Méchant dilemme quand on y pense bien.

Le proverbial vote « tactique » pourrait, cette fois, avoir des conséquenc­es historique­s, dramatique­s.

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