Des agriculteurs ont peur d’un retour aux anciens produits
OTTAWA | Des agriculteurs craignent que l’interdiction par le gouvernement fédéral des pesticides à base de néonicotinoïdes les force à utiliser des produits plus dangereux pour protéger leurs cultures.
« Beaucoup de producteurs n’ont pas d’alternative efficace. Ils nous disent qu’ils devront se tourner vers des produits de substitution beaucoup plus toxiques », a déploré le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau.
Les pomiculteurs et les maraîchers seront lourdement touchés, a-t-il prévenu.
« POLICE D’ASSURANCE »
Pour les Producteurs de grain du Québec, les néonicotinoïdes représentaient une « police d’assurance ». « Pour nous, il y avait plus d’avantages que d’inconvénients. Si on se les fait enlever, on va peut-être être obligés d’utiliser des produits plus instables », a affirmé le premier vice-président de l’organisation, Sylvain Pion.
Puisque la décision d’Ottawa touche les cultures de maïs et de soja, la majorité des plus de 11 000 producteurs de grains québécois seront affectés, selon lui.
Santé Canada a annoncé hier l’élimination de deux types de pesticides néonicotinoïdes (clothianidine et thiaméthoxame), connus pour avoir été liés au déclin des abeilles. L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) souhaite qu’ils soient interdits d’ici trois ans dans les secteurs où des solutions de rechange existent, et d’ici cinq ans là où il n’y en a pas.
Bien que des études aient montré du doigt ces pesticides dans la diminution des populations de pollinisateurs, le fédéral va de l’avant en raison des risques pour les insectes aquatiques qui, eux, entrent dans l’alimentation de nombreuses espèces d’oiseaux et de poissons.
Ottawa consultera les différents acteurs concernés par le projet. Une décision finale sera rendue en 2019.
L’UPA insiste pour dire qu’elle ne s’oppose pas à la réduction des effets néfastes sur les abeilles et l’environnement, mais elle souhaiterait que le gouvernement mène une étude d’impact sur les producteurs, en plus d’investir davantage dans la recherche.