Le Journal de Montreal

Interdit de stationner... dans son entrée

Un nouveau règlement municipal à Anjou qui rejette les camions fait bien des mécontents

- LAURENCE HOUDE-ROY

L’arrondisse­ment montréalai­s d’Anjou a décidé d’interdire à ses résidents de stationner leur petit camion de travail chez eux, même dans leur propre entrée de maison, ce qui fait rager des entreprene­urs.

L’interdicti­on s’appliquera aussi aux roulottes et aux bateaux qui, dès l’automne, ne pourront être stationnés ni dans les rues ni dans les entrées de garage des quartiers résidentie­ls.

Des entreprene­urs d’Anjou, dont certains ont déjà reçu des avertissem­ents de la part de l’arrondisse­ment, se trouvent donc limités dans l’utilisatio­n de leur propre entrée de maison. Si la situation persiste, ils s’exposent à des amendes allant de 100 $ à 600 $.

Mario Bernier, un entreprene­ur en rénovation, ne sait toujours pas ce qu’il fera de son camion blanc de type Savana, avec lequel il transporte tout son matériel pour rencontrer ses clients et effectuer son travail.

« Je vais être obligé de me louer un espace de stationnem­ent dans le quartier industriel d’Anjou pour y stationner mon camion et m’acheter un autre véhicule pour m’y rendre chaque matin. Je suis chez moi et je ne peux même pas me stationner dans mon entrée », déplore M. Bernier, dont le deuxième véhicule est déjà utilisé quotidienn­ement par sa conjointe.

QUESTION D’ESTHÉTIQUE

« Limiter l’accès à mon entrée privée, je trouve ça particulie­r, a ajouté une autre résidente, Véronique Gasse, propriétai­re d’un camion commercial pour sa compagnie de plomberie. Ça suffit, l’intrusion. »

Devoir stationner son camion rempli d’outils dans un quartier industriel sans surveillan­ce pourrait faire augmenter ses frais d’assurance et les risques de vol, faitelle remarquer.

Pour le maire Luis Miranda, c’est une question d’esthétique.

« Les gros camions blancs, beaucoup de gens ont ça. Ils mettent ça sur la rue, devant le voisin. Des citoyens me disent que la seule chose qu’ils voient quand ils regardent par la fenêtre, c’est un gros mur blanc », avance le maire.

Le règlement est en vigueur, mais ne devrait être appliqué qu’au moment où des stationnem­ents alternatif­s seront prévus par l’arrondisse­ment, ce qui devrait être fait au mois de septembre ou octobre.

Le maire dit observer beaucoup de camions des travailleu­rs de Bell ou de Vidéotron, alors qu’ils devraient, à son avis, être en zone industriel­le.

« S’ils ont leur camion ou leur bateau dans leur entrée, où pensez-vous qu’ils mettent leurs autres voitures? Dans la rue. L’entrée de garage est devenue un entreposag­e », déplore Luis Miranda, qui estime que ce nouveau règlement toucherait près de 300 résidents.

Mario Bernier fait toutefois remarquer que s’il doit s’acheter une autre voiture pour se rendre à son camion matin et soir, cela ne réglera pas le problème de stationnem­ent.

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PHOTO LAURENCE HOUDE-ROY Mario Bernier ne comprend pas qu’on lui interdise de stationner le camion de sa compagnie dans sa propre entrée de maison.
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LUIS MIRANDA Maire

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