Méprisée par Donald Trump, la presse contre-attaque
WASHINGTON | (AFP) Taxés d’« ennemis du peuple » par Donald Trump, les médias américains contre-attaquent avec une campagne dénonçant la rhétorique présidentielle tout en rappelant la liberté de la presse garantie par la Constitution.
Plus de 200 groupes de presse devaient publier ce matin des éditoriaux afin d’insister sur l’importance de l’indépendance des médias. Sur les réseaux sociaux, le mot d’ordre doit être #EnemyOfNone (Ennemi de personne).
Le Boston Globe est à l’initiative de cette campagne pour réagir à la multiplication des coups de boutoir du président américain contre les médias, qualifiant à l’envi de « Fake News » tout organe de presse publiant des informations qui lui déplaisent. Le milliardaire n’hésite pas également à traiter les grands médias d’« ennemi du peuple ».
EFFICACITÉ LIMITÉE
Le prestigieux quotidien a appelé tous les médias du pays à dénoncer dans leurs éditos « une guerre sale contre la presse libre ».
Pour les défenseurs de la liberté de la presse, les déclarations de M. Trump menacent le rôle de contre-pouvoir de la presse et va à l’encontre du premier amendement qui garantit la liberté d’expression et protège les journalistes.
« Je ne crois pas que la presse puisse rester sans rien faire et subir, elle doit se défendre lorsque l’homme le plus puissant du monde tente d’affaiblir le premier amendement », estime Ken Paulson, ancien rédacteur en chef du USA Today et un des responsables du Newseum, le musée de l’information à Washington.
Mais il relativise l’efficacité de cette campagne de sensibilisation : « Les personnes qui lisent les éditoriaux n’ont pas besoin d’être convaincues. Ce ne sont pas elles qui hurlent (sur les journalistes) aux rassemblements présidentiels ».
Selon lui, face aux assauts de la Maison-Blanche, les médias doivent développer une campagne « marketing » plus large pour souligner l’importance d’une presse libre comme valeur fondamentale.
CONTRE-PRODUCTIF ?
Mais cette initiative pourrait galvaniser les partisans du président, qui pourraient y voir une preuve que les médias sont ligués contre lui.
« Les médias organisent une attaque plus étudiée et publique que jamais contre Donald Trump » et contre « la moitié du pays qui le soutient », a tweeté Mike Huckabee, ex-gouverneur républicain et commentateur sur la chaîne Fox News.