Quel parti parlera enfin de culture ?
Même si la campagne électorale ne sera lancée officiellement que le 23 août, les promesses des candidats comme les accusations fusent déjà depuis des semaines. J’ai beau prêter l’oreille, je n’ai encore rien entendu sur la culture.
La plupart des candidats n’y voient donc aucun intérêt ? Ils n’en reconnaîtraient pas l’importance vitale pour le Québec ? Les candidats constituent pourtant notre élite. Plus de 80 % d’entre eux sont des diplômés universitaires, alors que seulement 31 % des Québécois ont terminé l’université.
J’ai connu personnellement tous les premiers ministres du Québec depuis Maurice Duplessis. Certains mieux que d’autres, il va sans dire. Aucun, à part Lucien Bouchard sans doute, n’aurait osé se définir comme une personne de culture. Lorsque la culture a occupé une certaine place dans les préoccupations gouvernementales, c’est qu’un ministre de la Culture était convaincu de son importance et avait l’audace de l’imposer. Georges-Émile Lapalme, Clément Richard et Liza Frulla furent de ceux-là.
Le 12 juin, Marie Montpetit, l’actuelle ministre de la Culture, et Philippe Couillard ont rendu public un document annonçant la révision du statut de l’artiste et de la politique culturelle. Les deux ont promis qu’ils en feraient une priorité si les libéraux sont réélus. Ce n’est pas trop tôt, car la dernière révision de la politique culturelle remonte à 26 ans, et la dernière loi sur le statut de l’artiste à 30 ans !
600 MILLIONS $
Ce « beau projet » prévoit 600 millions $ supplémentaires pour la culture sur une période de cinq ans. Que restera-t-il de cette appropriation budgétaire après l’élection du 1er octobre ? Annoncée dans l’enthousiasme, cette soudaine résurgence de la culture ne semble déjà plus faire partie du discours électoral. À moins que j’aie raté quelque chose.
En matière de culture, la CAQ reste dans le droit fil de l’ADQ, son ancêtre, c’est-à-dire qu’elle ne sait trop quoi en faire. Les propos confus et embarrassés de François Legault à la suite de l’annulation de Kanata en sont bien la preuve. Ce n’est donc pas du côté de la CAQ qu’on verra se dessiner une vision d’avenir pour la culture québécoise.
LES ARTISTES ACQUIS AU PQ
Malgré les apparences et malgré la foi aveugle qu’ont toujours placée les artistes dans le Parti québécois, la culture a rarement été la priorité des gouvernements péquistes. Sachant que le monde artistique lui était acquis, le Parti québécois n’a jamais senti le besoin de faire pour la culture un effort particulier. En conséquence, les budgets de la culture furent toujours plus généreux sous un gouvernement libéral.
D’après ce que dit Jean-François Lisée, c’est la santé et les paradis fiscaux qui constitueront ses chevaux de bataille de la campagne électorale, et non la culture. Pourtant, en plus d’être un moteur économique important, comme le démontre encore le rapport Divertir pour prospérer ?, publié en juin par le Conseil du patronat, la culture est essentielle à l’affirmation identitaire du Québec.
Il faut croire qu’elle n’est pas le tremplin idéal pour porter un parti au pouvoir, puisqu’on en parle si peu en période électorale. À moins que ce silence relatif soit le signe qu’elle a très peu d’importance aux yeux de nos chefs de parti…
La dernière révision de la politique culturelle remonte à 26 ans et la dernière loi sur le statut de l’artiste à 30 ans !