Lourde peine possible pour une chauffarde ivre
Elle roulait trop vite et à sens inverse sur un pont lorsqu’elle a tué un automobiliste
Une jeune femme de 26 ans qui a causé un face-à-face mortel sur le pont de l’île Bizard en roulant à contresens deux fois trop vite alors qu’elle était saoule risque maintenant une longue peine d’incarcération.
« J’ai commis des gestes dont les répercussions sont irréparables. Mon manque de jugement, purement égoïste, a coûté la vie à Robert Albert », a écrit Marie-Michèle Benjamin dans une lettre déposée hier au palais de justice de Montréal.
Benjamin, 26 ans, est passible d’un maximum de 14 ans de prison pour avoir tué M. Albert le matin du 12 mars 2017. Ce jour-là, l’homme de 60 ans sans histoire se dirigeait vers un restaurant qu’il avait l’habitude de fréquenter.
Au moment où son véhicule traversait le pont reliant l’île de Montréal à l’île Bizard, une Chevrolet Aveo est arrivée à une vitesse folle en sens inverse. M. Albert n’a rien pu faire pour éviter la violente collision, et son décès a été constaté un peu plus tard à l’hôpital. Marie-Michèle Benjamin, également blessée, a passé un mois à l’hôpital.
TROP IVRE
En juin dernier, lors de la reconnaissance de culpabilité de Mme Benjamin — un interdit de publication nous empêchait jusqu’ici d’en rapporter la teneur —, la procureure Anik Archambault avait expliqué qu’un témoin, juste avant la collision, avait vu l’accusée conduire son véhicule dangereusement.
« Elle circulait en sens contraire au-delà de la limite permise. Le témoin a constaté qu’elle circulait en sens contraire, elle va oublier de faire un premier arrêt obligatoire, puis un deuxième, puis elle va omettre de s’arrêter à un feu rouge. »
Selon les rapports d’experts, Benjamin roulait à 107 km/h dans une zone de 50 km/h, avec un taux d’alcoolémie de 0,172, soit plus du double de la limite légale.
Plutôt que de subir un procès, l’accusée a plaidé coupable de conduite dangereuse causant la mort, ainsi que de conduite avec facultés affaiblies par l’alcool.
« Si vous saviez comment j’aimerais que les rôles soient inversés, a-t-elle écrit dans sa lettre. La vie est souvent injuste. »
« IMPARDONNABLE »
Les observations sur la peine auront lieu en octobre, date à laquelle des proches de M. Albert témoigneront. La soeur du défunt n’a pas souhaité commenter l’affaire.
Benjamin, qui vient d’obtenir un diplôme à l’école de gestion HEC, s’est largement excusée pour ses gestes criminels, bien qu’elle soit consciente, dit-elle, que ce qu’elle a fait est « impardonnable ».
Elle souhaite maintenant que son histoire soit connue, pour sensibiliser les autres aux dangers de l’alcool au volant et montrer « l’ampleur que peut prendre une seule décision irréfléchie ».