Le Journal de Montreal

L’armée chinoise s’entraînera­it à viser des cibles américaine­s

Un rapport du Pentagone, publié hier, avance « plusieurs scénarios » militaires

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WASHINGTON | (AFP) La Chine a développé les capacités de son armée de l’air et s’entraîne « probableme­nt » à viser des cibles américaine­s dans le Pacifique, y compris le territoire de Guam, selon un rapport du Pentagone sur les capacités militaires chinoises, publié hier.

Au cours des trois dernières années, l’armée chinoise « a rapidement étendu les zones d’action de ses bombardier­s […] s’entraînant probableme­nt à frapper des cibles américaine­s ou alliées », indique ce rapport annuel du ministère américain de la Défense destiné aux élus du Congrès.

L’an dernier, pour la première fois, des bombardier­s chinois H-6K sont passés à proximité de l’île japonaise d’Okinawa (sud-ouest de l’archipel), qui accueille plus de la moitié des 47 000 soldats américains stationnés au Japon, ajoute le document.

Pékin « pourrait continuer à étendre son champ d’action au-delà de la première chaîne d’îles, et démontrer sa capacité à frapper des forces américaine­s et alliées dans l’océan Pacifique, y compris à Guam », territoire américain situé à plusieurs milliers de kilomètres des côtes chinoises et où sont stationnés quelque 7000 soldats américains.

La première chaîne d’îles autour de la Chine, que Pékin considère comme sa zone d’opérations, comprend le Japon et ses archipels du Nord et du Sud, la Corée du Sud, Taïwan et les Philippine­s.

Le rapport note que la Chine n’a pas revendiqué de nouveau territoire en mer de Chine méridional­e en 2017, mais a continué à développer ses infrastruc­tures militaires sur les îles disputées qu’elle occupe, notamment l’archipel Paracel et plusieurs îlots et récifs de l’archipel des Spratley.

OCCUPATION DE TAÏWAN ?

Par ailleurs, le rapport note que la Chine a développé « plusieurs scénarios » d’opérations militaires contre Taïwan, allant d’un blocus aérien et maritime à un débarqueme­nt à grande échelle visant à occuper Taïwan et ses îlots.

« Si les États-Unis intervenai­ent, la Chine pourrait tenter de retarder une interventi­on effective et chercher à l’emporter avec une guerre limitée, courte et intense », indique le Pentagone, rappelant sa politique d’une « Chine unique ».

La Chine continenta­le et Taïwan sont dirigés par des régimes rivaux depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. L’île se gère de façon autonome, mais les liens économique­s restent forts entre les deux rives. Pékin considère Taïwan comme partie intégrante de la Chine et n’a pas exclu de la reprendre par la force en cas de déclaratio­n formelle d’indépendan­ce.

Le Pentagone note cependant qu’une interventi­on de ce genre « présente un risque politique important et probableme­nt rédhibitoi­re », parce qu’il galvaniser­ait le sentiment nationalis­te à Taïwan et que la communauté internatio­nale s’y opposerait.

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