Une production peu convaincante
La pièce Laurel et Hardy, mettant en vedette André Robitaille et Louis Champage, à l’affiche au Théâtre Hector-Charland, ne sera sans doute pas à la hauteur des attentes. Cette nouvelle création, que l’on pourrait qualifier d’étrange objet théâtral, ne passera malheureusement pas à l’histoire.
Les productions Monarque (anciennement Les productions de la Meute) qui nous ont habitués à des productions théâtrales de haut calibre, on pense notamment à Boeing Boeing, Le dîner de cons
ou encore à Adieu je reste, laisseront, avec Laurel et Hardy, les spectateurs sur leur appétit. Sans complètement rater sa cible, le spectacle, à caractère biographique, voulant faire hommage au très célèbre duo comique du cinéma muet est bien peu convaincant.
TEXTE DÉCEVANT
C’est principalement le texte des coauteurs Patrice Dubois et Luc Michaud qui fait défaut. À l’évidence, les spectateurs pourront témoigner de l’excellent travail de recherche sur la vie personnelle et professionnelle de Stan Laurel et Oliver Hardy qui s’étend de leurs débuts dans les années 20 jusqu’au décès de Laurel en 1965.
Difficile de condenser 30 années de vie aussi denses, parsemées de succès et de revers, en une pièce d’une heure quarante sans entracte. La matière est si riche, on pense entre autres aux difficultés financières et aux échecs amoureux, qu’on a eu à intégrer un narrateur (Stéphane Archambault) qui revient continuellement à la charge, brisant le quatrième mur, afin de situer le spectateur qui, sinon, serait incapable de suivre ce long parcours.
Le tout devient si impersonnel qu’on ne parvient pas à s’attacher aux deux personnages qui pourtant semblaient si sympathiques. On aurait eu avantage à se concentrer sur une tranche de vie plus courte.
De surcroît, la pièce compte quelques longueurs. On a étiré certaines scènes, dont celle où le duo livre tant bien que mal un piano. Précisons que le metteur en scène, Normand Chouinard, qui a amorcé le projet a abandonné le bateau en cours de route en raison de problèmes de santé, laissant la direction d’acteurs à Carl Béchard. À cet effet, soulignons le jeu et l’accent instable d’André Robitaille qui incarne Laurel. Une performance bien loin du talentueux Stan. Quant à Louis Champagne qui campe Hardy, celui-ci tire beaucoup mieux son épingle du jeu. En revanche, les belles performances, de Bernard Fortin dans le rôle du producteur ainsi que de Brigitte Lafleur qui interprète plusieurs personnages, ne passent pas inaperçues.
ASPECT GLAMOUR
Par ailleurs, la pièce compte un bel aspect hollywoodien. On a particulièrement apprécié les chorégraphies rythmées et les magnifiques costumes d’époque, où s’ajoutent des projections vidéo permettant quelques scènes amusantes qui remontent à l’époque du cinéma muet. On conclut sur une belle finale digne des productions de Broadway.