Le Journal de Montreal

LE PERSONNEL DE LA SANTÉ DÉLAISSE LE GRAND NORD

Depuis le drame survenu en juin, 20 employés ont démissionn­é et quitté le Nord

- HUGO DUCHAINE

Les problèmes de recrutemen­t de personnel en santé dans le Grand Nord se sont aggravés depuis le meurtre d’une technicien­ne à Kuujjuaq en juin, laissant des dizaines de postes vacants.

« Actuelleme­nt, nous sommes low staff à la grandeur de l’établissem­ent », remarque la technicien­ne Sylvie Perrotte, du Centre de santé Tulattavik de l’Ungava à Kuujjuaq, où travaillai­t Chloé Labrie avant d’être tuée d’une balle à la tête, dans sa maison au début de l’été.

Près de deux mois après ce drame, l’adjoint à la directrice générale de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, Fabien Pernet, reconnaît que l’impact se fait toujours sentir dans le recrutemen­t.

20 DÉMISSIONS

Il souligne qu’immédiatem­ent après la tragédie de juin, « plusieurs personnes qui avaient accepté des postes ont changé d’avis et elles ne sont pas venues au dernier moment ».

De plus, dans les semaines qui ont suivi le meurtre de Chloé Labrie, une jeune femme de 28 ans originaire de Victoriavi­lle, 20 employés ont démissionn­é et plié bagage.

Il ajoute cependant que le recrutemen­t demeure plus difficile l’été, mais que, cette année, la Régie régionale « constate toujours des défis » liés à l’assassinat d’une de ses employés.

Selon le site web Perspectiv­e Nunavik, les établissem­ents du Grand Nord ont plus de 40 postes à pourvoir en ce moment. C’est jusqu’à deux fois plus que ce qu’affichait le site internet aux mêmes dates en 2016 et en 2017.

HORAIRE RÉDUIT

Infirmière, ergothérap­eute, physiothér­apeute, pharmacien, archiviste médical, psychologu­e et hygiéniste dentaire, la liste des postes vacants couvre à peu près tous les domaines. Même les cadres manquent au Nunavik.

Ce manque crucial d’employés a forcé la Régie régionale à réduire les heures d’ouverture de la clinique sans rendez-vous. Elle est ouverte de 9 à 17 h, plutôt que jusqu’à 20 h comme avant.

M. Pernet assure que tous les services d’urgence restent disponible­s en tout temps.

Mais pas sans difficulté, comme le remarque Mme Perrotte. Technicien­ne en radiologie, elle a été pendant deux semaines l’unique employée du Centre de santé Tulattavik avant l’arrivée de renfort.

Elle était ainsi sur appel sept jours sur sept et 24 heures sur 24.

CONDITIONS INTÉRESSAN­TES

Dans le Grand Nord depuis cinq ans, Mme Perrotte ajoute cependant que « les difficulté­s de recrutemen­t ont toujours été là ».

« Il faut aimer l’éloignemen­t, les mouches et les moustiques », dit-elle en riant, espérant que la canicule qui sévit cet été pourrait encourager ceux qui sont tannés de la chaleur à choisir le Nord.

M. Pernet promet aux futurs employés des conditions de travail intéressan­tes « en raison de l’éloignemen­t ». Les travailleu­rs ont droit à diverses primes et un logement à un coût minime par exemple.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES, CLAUDIA BERTHIAUME ET COURTOISIE ?? Le Centre de santé Tulattavik de l’Ungava à Kuujjuaq « est encore en deuil » depuis le meurtre de Chloé Labrie (en mortaise) survenu en juin dernier, explique une employée, Sylvie Perrotte. Ce crime aurait notamment entraîné 20 démissions.
PHOTOS D’ARCHIVES, CLAUDIA BERTHIAUME ET COURTOISIE Le Centre de santé Tulattavik de l’Ungava à Kuujjuaq « est encore en deuil » depuis le meurtre de Chloé Labrie (en mortaise) survenu en juin dernier, explique une employée, Sylvie Perrotte. Ce crime aurait notamment entraîné 20 démissions.
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FABIEN PERNET Cadre

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