Le moteur qu’il faut pour remorquer
Après avoir introduit l’aluminium pour alléger ses camionnettes F-150 et la suralimentation pour réduire la consommation de leurs moteurs, Ford offre désormais un turbodiesel pour ceux qui doivent remorquer souvent de très lourdes charges.
Les moteurs diesel d’automobiles ont eu une mauvaise presse au cours des dernières années. Mais du côté des véhicules commerciaux — et des camionnettes —, c’est bien différent. Les conducteurs de ces véhicules reconnaissent la fiabilité, l’autonomie importante et la faible consommation de ces moteurs, sans oublier le couple très important qu’ils produisent, une qualité qui facilite les tâches de remorquage.
Ford l’a compris et pour la première fois de l’histoire de sa populaire camionnette F-150, un moteur alimenté au diesel figure au catalogue. Appelé Power Stroke, il est une variante du moteur de 6,7 L du même nom qui anime les camionnettes commerciales Super Duty.
Ce V6 de 3,0 L à turbocompresseur s’ajoute à une gamme de cinq moteurs à essence : des V6 atmosphériques et suralimentés, et un V8 atmosphérique. Il procure désormais à certains fidèles de la marque Ford une alternative absente jusqu’ici qui les forçait à migrer vers des marques rivales offrant ce genre de moteur : l’Ecodiesel de la Ram 1500, le Duramax des jumelles Chevrolet Colorado et GMC Canyon, et le moteur Cummins de la Nissan Titan XD. Or, le moteur diesel est particulièrement prisé parmi les utilisateurs de camionnettes qui effectuent régulièrement du remorquage. Et ces derniers sont très nombreux. Chez Ford, on estime que 70 % des propriétaires de F-150 utilisent leur véhicule pour ce genre de tâches et cette proportion atteint 80 % lorsqu’il est question d’un véhicule à moteur diesel.
UNE AFFAIRE DE CHIFFRES
Les dirigeants de Ford savent toutefois qu’un grand nombre d’acheteurs est rebuté par les surcoûts qu’engendre un moteur comme le Power Stroke, à l’achat, à l’entretien et à l’usage (incluant le remplissage périodique du réservoir de 21,3 litres de fluide pour échappement diesel). L’achat d’un moteur diesel est donc avant tout une affaire de chiffres et de calcul. Mais ceux qui optent pour ce genre de motorisation (environ 5 % de l’ensemble des acheteurs de F-150, selon Ford) n’hésitent pas à s’offrir un véhicule bien équipé.
Le constructeur offre donc ce moteur pour trois versions plutôt luxueuses : les F-150 Lariat, King Ranch et Platinum (seuls les acheteurs de parcs automobiles peuvent obtenir ce Power Stroke pour les F-150 XL ou XLT, des versions moins chères et plus dénudées). Ces trois versions sont livrées avec une cabine à quatre portes, soit la SuperCab à portes arrière ouvrant à contresens, soit la SuperCrew à quatre portes normales, de loin la plus spacieuse. Ces camionnettes ont une caisse de 5,5 et 6,5 pi. De plus, seule la version Lariat peut être livrée avec deux roues motrices, une version que peu d’acheteurs choisissent.
Le V6 Power Stroke, par ailleurs, est un moteur de 250 ch qui produit énormément de couple : 440 lb-pi dès que son régime atteint 1750 tr/min. Jumelé à une boîte automatique à 10 rapports,
il permet à la F-150 de remorquer une cargaison pouvant atteindre 5170 kg (11 400 lb), en plus de lui donner une charge utile de 916 kg (2020 lb).
Une camionnette est indéniablement une affaire de chiffres. D’ailleurs, le constructeur en fait miroiter un autre : les 1200 km que ce moteur permettrait à la F-150 de parcourir. Voilà un chiffre particulièrement évocateur pour un vacancier ou un amateur de plein air, qui effectue de longs voyages en tirant une roulotte ou une remorque à bateau ou à VTT.
CONSOMMATION SURPRENANTE
La consommation constitue également un facteur crucial dans le choix de ce moteur, surtout pour un voyageur au long cours. Là aussi, les chiffres ne manquent pas. Le constructeur annonce une cote de consommation de 8,0 L/100 km sur route pour la version 4x2 d’entrée de gamme. Mais à notre point de vue, mieux vaut considérer la cote moyenne de 10,7 L/100 km des versions 4x4 — plus populaires — puisqu’elle nous apparaît plus réaliste. C’est d’autant plus vrai que nous avons obtenu une moyenne 10,8 L/100 km avec la camionnette dont nous avons fait l’essai sur 400 km : une F-150 Platinum CrewCab 4x4 dont la caisse était à moitié remplie de madriers de 8 pi. Quelques semaines plus tôt, la même camionnette avait réalisé une moyenne de 12,5 L/100 km sur quelques milliers de kilomètres en tirant une remorque transportant une voiture de collection, entre les mains d’un confrère.
Cette cote moyenne de 10,7 L du Power Stroke monté dans une camionnette 4x4 surpasse celles du V6 atmosphérique de 3,3 L (11,7 L) et du V6 EcoBoost de 2,7 L (11,3 L). De plus, à côté de ces chiffres, les deux autres moteurs proposés par le constructeur paraissent très gourmands : le V8 de 5,0 L affiche une moyenne de 13,3 L, alors que le V6 EcoBoost de 3,5 L ferait 12,6 L en version normale et 14,5 L en version haut rendement. Cela dit, il faut reconnaître que ce dernier procure à la F-150 sa plus grande capacité de remorquage, soit 5987 kg (13 200 lb), une donnée qui fait la différence pour certains utilisateurs.
Il y a un dernier chiffre incontournable : le prix de ce moteur. En effet, le Power Stroke ajoute environ 7000 $ au prix des F-150 King Ranch et Platinum, alors que le surcoût frôle les 9000 $ dans le cas des F-150 Lariat 4x2 et 4x4.
Une affaire de chiffres ? Incontestablement, car pour le reste, une F-150 équipée de ce moteur ressemble à peu près à n’importe quelle autre F-150. L’insonorisation est d’ailleurs particulièrement réussie : on n’entend littéralement jamais ce moteur, même à l’effort. Le démarrage aussi est instantané — l’été, du moins.
En revanche, le dispositif d’arrêtdémarrage automatique au ralenti du moteur Power Stroke, conçu pour réduire la consommation de carburant en usage urbain, manque cruellement de raffinement. De plus, la puissance de ce moteur se fait attendre lorsqu’on effectue une reprise sur l’autoroute. Il faut s’en méfier. Comparativement au V8, ce moteur paraîtra donc un peu paresseux.
Enfin — détail anecdotique —, il faut apprendre à distinguer les pompes de ravitaillement, lors des arrêts aux stations-service, pour s’immobiliser devant celles qui ont un pistolet à tuyau de 3/4 po. Les pistolets à tuyau de 1 po et plus sont inutilisables pour faire le plein, et, malheureusement, les pétrolières n’indiquent jamais de quel type de pistolet une pompe est munie. Mais après quelques pleins, le conducteur d’une F-150 à turbodiesel s’habituera à reconnaître les bonnes pompes !