Le Journal de Montreal

Favoriser les entreprise­s québécoise­s dans les grands projets publics

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

À qualité et prix concurrent­iels, les projets publics financés à même nos taxes, nos impôts ou notre bas de laine de la Caisse de dépôt et placement du Québec devraient favoriser les entreprise­s québécoise­s, tout en imposant un seuil minimum de contenu local.

Avec la mise en place d’une telle politique gouverneme­ntale d’octrois de contrats publics, il y a fort à parier que la Caisse aurait été « forcée » de renoncer à l’achat de wagons indiens pour son Réseau express métropolit­ain (REM).

Et par ricochet, les chances de l’usine Bombardier de La Pocatière de décrocher le contrat des wagons du REM, en tout ou en partie, auraient été excellente­s.

En écartant Bombardier au profit des wagons indiens fabriqués en Inde par sa grande rivale européenne Alstom, la Caisse économiser­a des millions de dollars sur l’achat des trains.

Mais cette décision de la Caisse privera les gouverneme­nts de Québec et d’Ottawa des généreuses retombées économique­s et fiscales que la fabricatio­n de tels trains au Québec aurait rapportées.

CALCUL DES RETOMBÉES

Quand il s’agit d’un contrat public, il faut évidemment tenir compte de tous les coûts et de toutes les retombées financière­s pour déterminer qui, parmi tous les candidats d’un appel d’offres, présente la « meilleure » offre. En plus de tenir compte de l’impact potentiel qu’un tel contrat pourrait avoir sur nos entreprise­s et notre main-d’oeuvre.

Pourquoi pensez-vous que nombre de pays (dont les États-Unis, la Chine, les membres de l’Union européenne, etc.) ont recours à des mesures protection­nistes ? C’est bien entendu pour s’assurer que les contrats publics génèrent chez eux des retombées économique­s et fiscales. Et fassent travailler leur main-d’oeuvre locale.

À titre d’exemple, aux États-Unis, les exigences du « Buy America Act » ont fait en sorte que des États comme New York et le New Jersey exigent qu’un fort pourcentag­e de certains projets de transport public soit effectué par des entreprise­s américaine­s.

POSITION DES PARTIS

Pourquoi le Québec n’opterait-il pas pour un « Acheter Québec » lorsqu’il s’agit d’octroyer des contrats publics ? Compte tenu de la polémique soulevée par l’octroi du contrat de wagons indiens du REM, les différents partis politiques devraient profiter de l’imminente campagne électorale pour se prononcer sur une telle mesure protection­niste « Acheter Québec ». Une politique « Acheter Québec » devra respecter, s’il y a lieu, les contrainte­s imposées par les accords commerciau­x internatio­naux.

GARDER LE CONTRÔLE

Cela dit, le prochain gouverneme­nt québécois ne devrait permettre à aucune société d’État ni à aucun organisme public de faire à sa tête dans l’octroi de contrats publics.

Avec son REM, la Caisse a bénéficié du privilège de faire à sa tête. Qu’estil arrivé ? Sa décision d’acheter des wagons indiens a carrément mis le premier ministre Philippe Couillard et son gouverneme­nt dans l’embarras.

À tel point que le premier ministre a pris l’initiative de faire rapidement adopter un projet de loi pour devancer l’acquisitio­n de 153 voitures additionne­lles pour le métro de Montréal, et ainsi éviter la mise à pied des 200 travailleu­rs de l’usine de Bombardier à La Pocatière.

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