Le Journal de Montreal

Hydro-Québec veut aller en Cour suprême pour protéger son réseau

Ses droits de passage pour le projet Chamouchou­ane–Bout-de-l’Île ont été invalidés

- PIERRE COUTURE

Hydro-Québec veut se faire entendre par la Cour suprême du Canada. Des droits de passage jugés illégaux pour son projet de ligne à haute tension Chamouchou­ane–Bout-del’Île menaceraie­nt l’existence d’une partie de son réseau de transport.

« On demande à la Cour suprême d’être entendu », a indiqué hier un porte-parole d’Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.

En mai dernier, un jugement de la Cour d’appel du Québec a donné raison à des citoyens de la région de Lanaudière qui s’opposaient au passage de la nouvelle ligne de transport (735 kV) Chamouchou­ane–Boutde-l’Île, longue de 400 kilomètres, entre le Lac-Saint-Jean et Terrebonne, près de Montréal.

Selon la Cour d’appel, les actes de servitudes utilisés par Hydro-Québec pour justifier son projet ne « sont pas suffisants pour permettre la constructi­on d’une nouvelle ligne de transport », sans entente avec les propriétai­res des terrains.

D’après le jugement, la société d’État possède déjà des servitudes pour le passage de la ligne existante, Jacques-Cartier–Duvernay.

Or, Hydro-Québec ne peut, sans expropriat­ions additionne­lles, construire sa nouvelle ligne, peut-on lire dans le document de la Cour d’appel.

DES CENTAINES D’ENTENTES INVALIDÉES

Hydro-Québec a pourtant conclu tout près de 300 ententes de gré à gré au cours des dernières années avec des propriétai­res de terrains pour la ligne de transport Chamouchou­ane–Bout-de-l’Île, construite au coût de 1,34 milliard $.

La société d’État est d’avis que l’impact de la décision de la Cour d’appel est « majeur », puisqu’environ le quart de son réseau de transport au Québec (plus de 37 000 lots) est construit sur des terres privées, dont les servitudes ont été acquises au fil du temps par un processus d’expropriat­ion notamment.

« Cette interpréta­tion soulève de sérieuses incertitud­es quant au droit que possède Hydro-Québec, en vertu des convention­s de servitude, de modifier ses lignes de transport pour répondre à l’inévitable évolution de ses sources de production », soutient la société d’État, dans un mémoire déposé devant la Cour suprême la semaine dernière.

UNE FACTURE SALÉE À VENIR

Une source bien au courant du dossier a fait savoir au Journal que la société d’État pourrait devoir payer des centaines de millions de dollars à titre de compensati­on à des propriétai­res de terrains, partout au Québec, pour utilisatio­n illégale de servitudes.

« Hydro-Québec ne fait que gagner du temps. Tôt ou tard, elle devra payer. Cela va lui coûter très cher », a-t-on laissé entendre.

Devant la Cour suprême, Hydro-Québec soutient que d’autres grandes sociétés de transport d’électricit­é au Canada sont à risque, puisqu’elles disposent aussi de telles servitudes.

D’ici là, Hydro-Québec dit avoir obtenu un sursis d’exécution qui lui permet de continuer les travaux de constructi­on de la ligne Chamouchou­ane–Bout-de-l’Île.

Le Journal a tenté de joindre les citoyens de Lanaudière qui sont à l’origine de ce bras de fer juridique avec Hydro-Québec. Ces derniers n’ont pas voulu commenter le dossier.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Le projet Chamouchou­ane—Bout-de-l’Île (photo) a été développé par la société d’État afin d’accroître la fiabilité du réseau. En effet, quatre lignes arrivent du nord au poste de la Chamouchou­ane, au Lac-Saint-Jean, tandis que seulement trois se dirigent vers le sud.
PHOTO COURTOISIE Le projet Chamouchou­ane—Bout-de-l’Île (photo) a été développé par la société d’État afin d’accroître la fiabilité du réseau. En effet, quatre lignes arrivent du nord au poste de la Chamouchou­ane, au Lac-Saint-Jean, tandis que seulement trois se dirigent vers le sud.

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