Le Journal de Montreal

Protééersl­esscaribou­ssens décodantsl­eursADN

Des chercheurs québécois ont inventé une puce pour étudier les troupeaux

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Les caribous de partout au Canada n’auront bientôt plus de secrets pour nous, gr’ce à des chercheurs québécois qui étudient l’ADN du cervidé en péril.

Steeve Côté et Claude Robert, de l’Université Laval, se lancent dans une aventure unique au pays : créer une minuscule puce ADN capable de déterminer de quel troupeau provient un caribou.

La puce ADN est une petite surface en verre ou en plastique d’à peine cinq ou six centimètre­s sur laquelle sont fixés plusieurs milliers de fragments d’ADN. Dans ce cas, il s’agira d’ADN des différents écotypes de caribous (forestiers, montagnes et migrateurs).

La puce sera reliée à un site internet, une base de données et une série d’algorithme­s. En combinant toutes les données, on sera capable d’indiquer à quel troupeau appartient un caribou, mort ou vif, à partir d’un simple échantillo­n de peau, par exemple.

CONTRE LE BRACONNAGE

M.Côté indique au Journal que cet outil pourrait se révéler fort utile pour lutter contre le braconnage.

« Si un agent de la faune saisit de la viande de caribou, afin de pouvoir inculper la personne qui la distribue, il faut qu’il sache d’où vient cette viande », explique-t-il.

La chasse sportive du caribou est interdite au Québec, mais les règles diffèrent d’une province à l’autre, et les Premières Nations sont toujours autorisées à les chasser.

Mais déterminer la provenance d’une carcasse de caribou est très complexe, car bien que l’ADN des bêtes diffère d’un troupeau à l’autre, leurs différence­s sont trop petites pour être observable­s à l’oeil nu.

Pour que ces différence­s ne soient plus un mystère, les chercheurs québécois ont reçu une enveloppe de 3 M$ de Genome Canada, un organisme sans but lucratif financé par Ottawa pour soutenir la recherche en génétique, pour développer leur puce ADN.

PROTÉGER L’HABITAT

En plus d’aider à lutter contre le braconnage, l’invention québécoise pourrait permettre aux provinces de délimiter avec précision les aires de répartitio­n des troupeaux de caribous, c’est-à-dire l’endroit exact où vit chacun d’eux.

Cet exercice exigé par le gouverneme­nt fédéral est essentiel à la protection de l’habitat de cette espèce menacée.

Au cours des cinq dernières années, aucune des 51 hardes du pays n’a amélioré son sort, principale­ment en raison des perturbati­ons dans son habitat, d’après le gouverneme­nt fédéral en octobre.

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, PASCAL HUOT Le professeur Steeve C té est spécialist­e de l’écologie et du comporteme­nt des grands herbivores au départemen­t de biologie de l’Université Laval.
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