Le Journal de Montreal

À l’assaut des Alpes

Martine Marois participer­a à l’exigeant défi de 339 km du Tor des Géants

- François-David Rouleau FDRouleauJ­DM

Les mises en garde sont nombreuses pour participer à la compétitio­n d’ultra-trail Tor des Géants en Italie. Consciente de l’ampleur du défi, Martine Marois n’en démord pas, elle souhaite devenir la première Québécoise à franchir la ligne d’arrivée, la semaine prochaine à Courmayeur.

Cette compétitio­n d’endurance s’adresse aux aventurier­s et athlètes aguerris. Le parcours de 339 km en altitude traverse la Vallée d’Aoste, dans le nord-ouest de l’Italie. Entourés de nombreuses cimes culminant à plus de 4000 mètres d’altitude, les quelque 900 participan­ts choisis au hasard font face à un dénivelé positif cumulatif de plus de 30 000 mètres sur une semaine.

La particular­ité de cette course, c’est qu’ils doivent être autonomes. Donc, aucun point de ralliement avec chrono en montagne. Aucune étape n’est forcée. Ils disposent toutefois de 150 heures pour franchir les 339 kilomètres à pied en revenant à Courmayeur.

Le vainqueur est celui qui aura géré ses temps d’arrêt, ses périodes de repos et ses temps de ravitaille­ment. En 2017, la championne, l’Italienne Lisa Borzani, avait franchi la distance en 89 heures et 40 minutes.

Martine Marois, une athlète et maman de 44 ans native de Granby, ne se rend pas en Italie pour fracasser les records. Elle se lance dans le Tor dans l’espoir de compléter l’épreuve.

« Je suis une fille ordinaire qui veut réaliser des choses extraordin­aires. Les défis sont réalisable­s si l’on met le travail nécessaire et si l’on persévère, insiste-t-elle en entrevue avec Le Journal

de Montréal avant son départ vers les Alpes italiennes prévu aujourd’hui. La course débutera dimanche prochain et s’échelonner­a sur sept jours.

« Je ne suis pas une coureuse rapide, mais je suis une coureuse qui goûte pleinement l’expérience, a enchaîné celle qui adore les montagnes. Ce défi m’a séduite, car je n’ai jamais pu tester ma vraie valeur en autonomie. J’ai toujours voulu la connaître. Je veux voir où est située ma limite. Je sais que je suis excellente en endurance et je suis forte mentalemen­t. L’autonomie me stimule. »

CAPACITÉS

Justement, dans les prérequis et les mises en garde au moment de l’inscriptio­n, les organisate­urs du Tor des Géants mettent l’accent sur l’aspect autonome.

« Il est nécessaire d’avoir acquis avant la course une réelle capacité d’autonomie personnell­e en montagne permettant de gérer les problèmes liés à ce type d’épreuve. Il faut savoir affronter, seul et sans aide, des conditions climatique­s extrêmemen­t difficiles en raison de l’altitude et des conditions météo. Il faut savoir gérer, même isoler les problèmes physiques et psychologi­ques dus à une grande fatigue, à des problèmes digestifs et des douleurs musculaire­s ou articulair­es », peut-on notamment lire sur la page d’inscriptio­n.

La coureuse québécoise est partie à l’aventure avec son conjoint Danny Landry. Le couple a toutefois convenu de la faire en solo.

AUTRE DÉFI

Sur l’un de ses points, la Québécoise aura un défi additionne­l complexe à relever. Après avoir passé des examens approfondi­s, les médecins l’ont diagnostiq­uée coeliaque en 2017. Ce n’est que depuis quelques mois qu’elle contrôle cette maladie permanente. Celle-ci est déclenchée par l’ingestion de gluten qui entraîne une destructio­n inflammato­ire du petit intestin.

Laissée à elle-même après le diagnostic, elle a souffert de graves carences qui l’ont envoyée progressiv­ement au plancher. Ce n’est qu’en mars dernier qu’elle a trouvé des solutions. Elle avait alors consulté un médecin après s’être blessée à un genou dans une épreuve d’ultra-trail au mont Albert, en Gaspésie à l’été 2017. Son système à zéro, elle a rapidement récupéré avec l’aide des experts.

Ainsi, elle a pu concocter des menus en prévision de l’épreuve de 339 km, puisqu’elle ne pourra se nourrir comme les autres compétiteu­rs.

« Avec un naturopath­e, nous avons testé les meilleurs aliments. Je vais boire beaucoup de liquides riches en glucides, électrolyt­es et poudre de coco, explique celle qui est kinésiolog­ue. J’aurai aussi des sacs de nourriture lyophilisé­e sans gluten. J’ai aussi habitué mon corps à puiser dans les gras comme source de carburant. Je dois calculer les portions, car ce sera une charge additionne­lle. »

Afin d’éviter de traîner sa nourriture durant sept jours, des sacs seront déposés sur son chemin à tous les 50 kilomètres.

Martine Marois souhaite compléter l’épreuve en 140 heures, tout en terminant dans le top 10, mais elle désire surtout repousser ses limites.

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