Le Journal de Montreal

ALENA : la fois où on s’ennuie de Harper

- MARIO DUMONT

Le Canada se trouve dans une position extrêmemen­t délicate alors que reprennent aujourd’hui les discussion­s sur l’ALENA. Depuis l’annonce d’une entente entre le Mexique et les États-Unis, le Canada est en mode rattrapage avec le délicat Donald Trump qui appuie le couteau sur notre gorge.

Lorsque Justin Trudeau a amorcé ces négociatio­ns, il a choisi de mettre sur la table une panoplie de bonnes intentions. Un nouvel accord devrait englober des principes environnem­entaux et des valeurs d’égalité. Cette négociatio­n devait ajouter une dimension de progrès social en plus de la déjà compliquée question du commerce.

MAUVAIS CALCUL

Notre premier ministre a aussi fait preuve d’un très bel esprit de solidarité. Lorsque certains, dont son prédécesse­ur Stephen Harper, ont évoqué l’idée de négocier d’un à un avec les États-Unis, monsieur Trudeau a dit non. Pas question de laisser le Mexique de côté, même temporaire­ment. Le Canada serait solidaire du Mexique !

Or le Mexique nous a fait exactement le coup que nous n’avons pas osé faire. Le Mexique a mis sa solidarité au frigo et s’est entendu avec les Américains, laissant le Canada sur les lignes de côté. Justin le vertueux, Justin le gentil, Justin le solidaire est devenu Justin le piégé. Et tout le pays avec lui est pris dans cette souricière.

Pourtant l’équipe de négociateu­rs canadiens a la réputation d’être solide. Pourtant madame Freeland a l’air de suivre ses affaires de près. La question se pose : Justin Trudeau en tant que chef du gouverneme­nt est-il l’homme de la situation pour faire face à Donald Trump et pour naviguer dans les eaux troubles que crée la tempête Trump ?

VOTRE CHOIX

Arrêtez-vous deux minutes pour y penser. Mise en situation : si vous aviez des affaires personnell­es à négocier avec Trump et que vos finances personnell­es en dépendent. Vous avez le choix entre deux agents négociateu­rs : Justin Trudeau et Stephen Harper. Je prends Harper, vous prenez Harper, 99 % des gens choisissen­t Harper.

Même ceux qui ont détesté son style froid, même ceux qui conspuaien­t son bilan environnem­ental, même ceux qui votent très à gauche, pour ce mandat précis, tous prennent Stephen Harper. Le stratège, le calculateu­r, le froid et solide, l’imperturba­ble dont les cheveux ne vibrent même pas. Un téléphone de Trump ! Nous

filerions tous un peu mieux si c’est Stephen qui prend la ligne. Une rencontre d’urgence, une négociatio­n de la dernière heure. Il me semble qu’on sentirait Harper plus capable d’imposer un peu de bon sens au président. Justin Trudeau livre de belles performanc­es dans les grands forums internatio­naux pour discourir des questions à la mode. Mais face-à-face avec le bison Trump dans une négociatio­n commercial­e. Je reste perplexe.

Pour le bien de notre économie, continuons à nous croiser les doigts que ces discussion­s aboutissen­t. En espérant que les déclaratio­ns du président n’aient été qu’un gros bluff. Mais disons que ces journées passeront à l’histoire de la diplomatie canadienne comme l’un des moments où avons été coincés de façon plus qu’inconforta­ble.

Pour négocier vos affaires personnell­es avec Donald Trump, vous choisiriez Justin Trudeau ou Stephen Harper ?

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