Quel avenir pour la Santé ?
Deux gestionnaires aspirantes ministres dévoilent leur vision du réseau
L’une a commencé sa carrière comme infirmière, l’autre comme travailleuse sociale. Au fil des ans, toutes deux ont atteint les plus hauts postes de direction dans le réseau de la santé. Candidate pour le PLQ, Gertrude Bourdon dirigeait jusqu’à récemment le CHU de Québec. La candidate caquiste, Danielle McCann, a pour sa part été PDG de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Après quatre années marquées par la réforme Barrette, les deux femmes qui aspirent à devenir ministre de la Santé présentent, en entrevue avec notre Bureau parlementaire, leur vision du réseau de la santé.
Style de gestion : Après quatre années de réforme, le réseau a besoin d’un répit, estime Gertrude Bourdon. « Ça a mis beaucoup de pression sur les intervenants. On est rendu à une étape, dans l’amélioration de notre réseau, où on doit associer le fait de prendre soin de nos intervenants en même temps qu’on améliore l’accès. » L’ex-infirmière dit également vouloir écouter « plus que moins ».
Vision : Médecins de famille, supercliniques, soins à domicile : l’aspirante ministre entend poursuivre sur la voie tracée par Gaétan Barrette. Elle veut maintenant amener le réseau vers une approche de « santé globale », qui va de la prévention aux traitements. Mais, pour y arriver, le réseau doit recruter et retenir son personnel grâce, notamment, à « des salaires compétitifs ».
Financement du réseau : Philippe Couillard a annoncé que la hausse annuelle du financement de la Santé sera de 4,2 %, si son parti est reporté au pouvoir. « C’est un financement de base pour ce qu’on appelle les coûts de système, l’indexation, mais il y a aussi des ajouts pour des programmes », fait valoir Gertrude Bourdon. Autrement dit, les hausses pourraient être de plus de 4,2 %, assure-t-elle. Salaire des médecins : Philippe Couillard a brandi la menace des sanctions si les médecins ne prennent pas en charge plus de patients. Mme Bourdon compte « ouvrir une porte pour entreprendre un dialogue ». « Je vais commencer par écouter pour savoir où c’est difficile, quels sont les freins », dit-elle.
Style de gestion : Pour Danielle McCann, la méthode Barrette a laissé des traces. « On le voit dans le cri du coeur des professionnels. Il y a une fatigue dans le système, causée par les compressions budgétaires et par une trop grande centralisation. Il faut changer le ton. »
Vision : Pas question de défaire la réforme Barrette. « Un gouvernement caquiste ne ferait pas de réforme de structure », indique Mme McCann. Mais elle veut contrer ses effets négatifs. « Il y a encore les conséquences des compressions budgétaires de début de mandat. Ça va demander qu’on fasse certains investissements. Par exemple en soin à domicile, il y aura des investissements substantiels ». De plus, elle veut décentraliser le réseau de la santé. Un exemple : les PDG adjoints des Centres intégrés en santé sont nommés par le ministre. Ce choix serait retourné aux conseils d’administration des établissements.
Financement du réseau : Elle estime qu’il « faut un budget stable et continu, qui revient chaque année, avec un niveau d’investissements suffisant ». « Le chiffre de 4 % d’augmentation de la croissance des dépenses, c’était un niveau acceptable quand j’étais dans le réseau ». Salaire des médecins : Danielle McCann souhaite geler immédiatement le salaire des spécialistes. « Déjà, on leur donne un milliard $ en trop. Si on ne fait pas une pause, c’est un autre milliard qu’on donnerait aux médecins spécialistes ».