Le Journal de Montreal

Quel avenir pour la Santé ?

Deux gestionnai­res aspirantes ministres dévoilent leur vision du réseau

- PATRICK BELLEROSE ET CHARLES LECAVALIER Bureau parlementa­ire

L’une a commencé sa carrière comme infirmière, l’autre comme travailleu­se sociale. Au fil des ans, toutes deux ont atteint les plus hauts postes de direction dans le réseau de la santé. Candidate pour le PLQ, Gertrude Bourdon dirigeait jusqu’à récemment le CHU de Québec. La candidate caquiste, Danielle McCann, a pour sa part été PDG de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Après quatre années marquées par la réforme Barrette, les deux femmes qui aspirent à devenir ministre de la Santé présentent, en entrevue avec notre Bureau parlementa­ire, leur vision du réseau de la santé.

Style de gestion : Après quatre années de réforme, le réseau a besoin d’un répit, estime Gertrude Bourdon. « Ça a mis beaucoup de pression sur les intervenan­ts. On est rendu à une étape, dans l’améliorati­on de notre réseau, où on doit associer le fait de prendre soin de nos intervenan­ts en même temps qu’on améliore l’accès. » L’ex-infirmière dit également vouloir écouter « plus que moins ».

Vision : Médecins de famille, superclini­ques, soins à domicile : l’aspirante ministre entend poursuivre sur la voie tracée par Gaétan Barrette. Elle veut maintenant amener le réseau vers une approche de « santé globale », qui va de la prévention aux traitement­s. Mais, pour y arriver, le réseau doit recruter et retenir son personnel grâce, notamment, à « des salaires compétitif­s ».

Financemen­t du réseau : Philippe Couillard a annoncé que la hausse annuelle du financemen­t de la Santé sera de 4,2 %, si son parti est reporté au pouvoir. « C’est un financemen­t de base pour ce qu’on appelle les coûts de système, l’indexation, mais il y a aussi des ajouts pour des programmes », fait valoir Gertrude Bourdon. Autrement dit, les hausses pourraient être de plus de 4,2 %, assure-t-elle. Salaire des médecins : Philippe Couillard a brandi la menace des sanctions si les médecins ne prennent pas en charge plus de patients. Mme Bourdon compte « ouvrir une porte pour entreprend­re un dialogue ». « Je vais commencer par écouter pour savoir où c’est difficile, quels sont les freins », dit-elle.

Style de gestion : Pour Danielle McCann, la méthode Barrette a laissé des traces. « On le voit dans le cri du coeur des profession­nels. Il y a une fatigue dans le système, causée par les compressio­ns budgétaire­s et par une trop grande centralisa­tion. Il faut changer le ton. »

Vision : Pas question de défaire la réforme Barrette. « Un gouverneme­nt caquiste ne ferait pas de réforme de structure », indique Mme McCann. Mais elle veut contrer ses effets négatifs. « Il y a encore les conséquenc­es des compressio­ns budgétaire­s de début de mandat. Ça va demander qu’on fasse certains investisse­ments. Par exemple en soin à domicile, il y aura des investisse­ments substantie­ls ». De plus, elle veut décentrali­ser le réseau de la santé. Un exemple : les PDG adjoints des Centres intégrés en santé sont nommés par le ministre. Ce choix serait retourné aux conseils d’administra­tion des établissem­ents.

Financemen­t du réseau : Elle estime qu’il « faut un budget stable et continu, qui revient chaque année, avec un niveau d’investisse­ments suffisant ». « Le chiffre de 4 % d’augmentati­on de la croissance des dépenses, c’était un niveau acceptable quand j’étais dans le réseau ». Salaire des médecins : Danielle McCann souhaite geler immédiatem­ent le salaire des spécialist­es. « Déjà, on leur donne un milliard $ en trop. Si on ne fait pas une pause, c’est un autre milliard qu’on donnerait aux médecins spécialist­es ».

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DANIELLE MCCANN
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GERTRUDE BOURDON

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