Le Journal de Montreal

Reprise des négos entre Ottawa et Washington

Pas d’ALENA sans mécanisme de règlement des litiges commerciau­x, dit Trudeau

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AFP | À la veille de la reprise des négociatio­ns sur l’Accord de libreéchan­ge nord-américain (ALENA), Justin Trudeau sait qu’il joue une partie risquée : trop ferme face aux Américains, il s’expose à un échec aux conséquenc­es économique­s imprévisib­les. Trop souple, il sera accusé d’avoir capitulé face à Donald Trump.

Toutefois, hier soir, le premier ministre a prévenu que le Canada « tiendrait bon » et ne signerait pas un nouvel accord sans le maintien du mécanisme de règlement des litiges (chapitre 19) et de l’exception culturelle.

« Nous disons depuis le début que nous avons besoin d’un mécanisme de règlement des litiges comme le chapitre 19, et nous tiendrons bon sur le sujet », a affirmé le premier ministre canadien lors d’un point de presse à Vancouver, à la veille de la reprise des négociatio­ns entre délégation­s canadienne et américaine à Washington.

« Nous ne signerons pas un accord mauvais pour les Canadiens. Et, très franchemen­t, ne pas avoir un chapitre 19 garantissa­nt que les règles sont respectées serait mauvais pour les Canadiens », selon lui.

CULTURE

M. Trudeau a également insisté sur un autre aspect jugé important par les négociateu­rs canadiens, l’exception culturelle protégeant notamment le marché audiovisue­l et culturel canadien.

« Il est inconcevab­le pour les Canadiens qu’un média américain puisse acheter un média canadien, que ce soit un journal, une chaîne ou un groupe de télévision », a-t-il poursuivi.

« Ce serait abandonner notre souveraine­té et notre identité, et c’est quelque chose que nous ne pouvons tout simplement pas accepter, c’est pourquoi nous avons dit très clairement que la défense de l’exception culturelle est fondamenta­le pour les Canadiens. »

Il a assuré que son équipe de négociateu­rs, emmenée par la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, retournera­it à Washington aujourd’hui pour des négociatio­ns qu’il espère « constructi­ves ».

MENACE DE TRUMP

Ces négociatio­ns ont été interrompu­es vendredi en fin d’après-midi, en raison notamment de l’intransige­ance affichée par le président américain Donald Trump. Ce dernier a d’ailleurs répété samedi sa menace d’expulser le Canada de l’ALENA, qui deviendrai­t alors de facto un simple traité commercial entre les États-Unis et le Mexique.

« La menace de Trump sur l’ALENA enferme Trudeau dans une partie de poker à haut risque », a ainsi titré le Toronto Star.

À 13 mois des législativ­es canadienne­s, le premier ministre « fait face à de la pression », mais il dispose « d’une marge de manoeuvre assez grande », dit à l’AFP Patrick Leblond, professeur à l’Université d’Ottawa.

« Les Américains et les Mexicains veulent, apparemmen­t, que tout soit réglé d’ici fin novembre, mais pour le Canada, ce n’est pas si urgent », estime-t-il.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Justin Trudeau, en juillet dernier, lors du sommet de l’OTAN, tenu à Bruxelles.

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