Le Journal de Montreal

Québec veut taire les détails du coup de pouce de 10 millions $ à Capitales Médias Un juge se demande pourquoi les modalités de l’aide ne sont pas dévoilées

- MICHAËL NGUYEN

Un juge de la Cour supérieure s’est questionné sur le refus du gouverneme­nt de dévoiler publiqueme­nt les modalités de l’aide de 10 millions de dollars accordée au Groupe Capitales Médias (GCM), alors qu’il se penchait sur le dossier, hier.

« Pourquoi est-ce que ce n’est pas public ? Parce que, si le prêt est une subvention, ça ressembler­ait drôlement au programme d’aide à la presse écrite. Ça me chicote de ne pas avoir de détails », a commenté le juge Kirkland Casgrain, hier, au palais de justice de Montréal.

À plusieurs reprises, le magistrat est revenu à la charge, alors qu’il devait trancher sur une requête du Procureur général du Québec visant Québecor Média.

Cette dernière cherche à faire invalider un prêt accordé l’an passé à GCM, une entreprise de presse détenant plusieurs journaux et dirigée par l’ancien ministre fédéral libéral Martin Cauchon.

En décembre dernier, le gouverneme­nt libéral provincial a accordé par décret une aide de 10 millions de dollars au groupe de M. Cauchon.

ÉLECTORALI­STE

Le prêt a été effectué via Investisse­ment Québec, et ce, malgré l’existence parallèle d’un programme d’aide à la presse écrite.

Pour Québecor Média, qui détient entre autres Le Journal, ce prêt censé servir à la transforma­tion numérique de GCM est non seulement illégal, mais aussi électorali­ste.

« Il y a une apparence de favoritism­e et de partialité, [l’aide] est donnée à un seul média, malgré l’existence d’un programme pour le même problème », a plaidé l’avocat François Fontaine.

DÉCISION « POLITIQUE »

Le Procureur général, de son côté, affirme que la demande de Québecor Média devrait être rejetée avant même d’être entendue, puisque l’aide à GCM est une décision « extrêmemen­t politique » qui ne peut pas être contestée devant le tribunal.

« Ce prêt, ce n’est pas la décision d’un tribunal administra­tif, c’est une décision extrêmemen­t politique du Conseil exécutif; la loi le permet », a affirmé son représenta­nt, Me Mario Normandin, qui n’a finalement jamais expliqué les modalités de ce prêt.

Il a d’abord dit ignorer si une demande d’accès à l’informatio­n a été produite, pour ensuite dire que la question ne s’était pas posée. Il a plus tard affirmé que « ce n’est pas pertinent », pour conclure que « la question est intéressan­te ».

Quant à savoir si le prêt est bien fondé, là n’est pas la question, selon lui. Même si tout l’argent octroyé ne permet pas de sauver 400 emplois, ce prêt serait légal.

« La question d’efficacité [du prêt], ce n’est pas le critère », a-t-il dit.

Le magistrat annoncera ce matin si la requête de Québecor Média est maintenue ou si elle est tuée dans l’oeuf, comme le réclame l’État.

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MARTIN CAUCHON Propriétai­re de GCM et ancien ministre fédéral

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