Élage Diouf, ami de Richard Séguin
Élage Diouf accompagne Richard Séguin dans Retour à Walden
Sénégalais qui habite le Québec depuis une vingtaine d’années, Élage Diouf s’est immédiatement senti interpellé par le personnage de l’esclave africain William, qu’il campe dans le nouveau projet musical de Richard Séguin, Retour à Walden. « Comme moi, il a cherché à s’enfuir de quelque chose pour trouver le meilleur. »
Élage Diouf n’a pas hésité longtemps lorsque Richard Séguin l’a appelé pour lui proposer de collaborer à son nouvel album, qui rend hommage à l’oeuvre de l’auteur américain Henry David Thoreau.
« Richard est le premier Québécois que je connais, dit-il fièrement. Il était venu jouer au Sénégal dans les années 1980 quand j’allais encore à l’école. C’est là que j’avais découvert Journée d’Amérique ! »
EN QUÊTE DE LIBERTÉ
Dans Retour à Walden, Élage Diouf se met dans la peau de William, un Africain mis en esclavage qui est parvenu à s’évader des plantations de la Géorgie et espère rejoindre le Canada.
« Il est à la recherche de la liberté, dit-il. Il veut s’enfuir de quelque chose pour trouver le meilleur. Ça me ressemble, car j’ai moi-même quitté le Sénégal pour venir ici. » Le mot « esclave » a beaucoup fait les manchettes, ces derniers mois. Même s’il admet s’être tenu bien loin de la controverse du spectacle SLĀV, qui mettait en scène des Blancs qui interprétaient des chants d’esclaves afro-américains, Élage Diouf reconnaît qu’il y a encore du chemin à faire culturellement au Québec. « C’est un sujet sensible. Mais ça m’arrive parfois, quand je me promène à travers le Québec, que des gens me demandent si on a des frigos en Afrique… », dit-il.
PIÈCE AVEC PHOTO
Élage Diouf ajoute qu’on lui demande encore à l’occasion une pièce d’identité avec photo lorsqu’il essaie de payer avec sa carte de crédit dans un commerce. « Souvent, les gens qui m’accompagnent – des Québécois – sont fâchés de voir ça, dit-il. Mais ce sont des choses que l’on vit. Heureusement, ce n’est pas tout le monde qui est comme ça. » Il préfère ne pas s’emporter lorsqu’il est victime de racisme. « Je suis quelqu’un qui voit plus le positif que le négatif. [Les cas de racisme], il faut juste savoir les gérer. Quelqu’un qui est raciste ou qui fait des différences entre les Noirs et les Blancs, c’est quelqu’un qui ne comprend pas. Si on n’aide pas cette personne-là, elle ne va jamais comprendre. »
L’album Retour à Walden, de Richard Séguin, sera disponible vendredi. Élage Diouf devrait quant à lui lancer son troisième album solo au printemps 2019.