Le Journal de Montreal

SNC-Lavalin a perdu 5 milliards $ de revenus

Les enquêtes pour corruption ont fait très mal

- SYLVAIN LAROCQUE

Les scandales ont coûté cher à SNC-Lavalin. Environ 5 milliards de dollars en « occasions de revenus » perdus depuis 2012.

C’est ce qu’a confié le PDG Neil Bruce à l’analyste Benoit Poirier de Desjardins, la semaine dernière. Cette somme représente près de 10 % des revenus de 52 milliards $ que SNC a enregistré­s de 2012 à 2017.

Le cauchemar de la multinatio­nale québécoise a débuté en février 2012, lorsqu’elle a révélé l’existence de paiements irrégulier­s de plusieurs dizaines de millions de dollars. On apprendra plus tard qu’ils étaient liés à des scandales de corruption touchant la constructi­on du nouveau Centre universita­ire de santé McGill, à Montréal, et à des contrats en Libye.

Puis, en 2013, la Banque mondiale a exclu SNC pour 10 ans de tous les contrats qu’elle finance à cause d’affaires de corruption survenues au Bangladesh et au Cambodge.

Pierre Duhaime, ancien PDG de SNC-Lavalin, sera accusé de fraude en 2013, tandis que l’entreprise sera accusée de fraude et de corruption en 2015.

UNE AMENDE, PAS DE CONDAMNATI­ON

Après d’intenses efforts de lobbyisme, SNC a convaincu le gouverneme­nt Trudeau d’adopter une loi qui permet à des entreprise­s fautives de négocier avec Ottawa un « accord de réparation ». Il est désormais possible de troquer des accusation­s criminelle­s contre une reconnaiss­ance de responsabi­lité et le paiement d’une amende.

« Nous nous attendons à ce que le gouverneme­nt canadien et SNC amorcent des discussion­s et tentent de régler le dossier et l’amende hors cour, ce qui pourrait potentiell­ement être fait d’ici la fin de l’année », écrit dans une note M. Poirier, qui se montre par ailleurs optimiste quant à l’avenir de l’entreprise.

En 2013, Canaccord Genuity avait évalué à 100 millions $ l’amende que SNC-Lavalin pourrait devoir verser. Rappelons que SNC versera 88 M$ pour régler deux actions collective­s déposées en 2012 par des investisse­urs qui jugeaient avoir été trompés au sujet des activités de la firme en Libye.

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