Le Journal de Montreal

Des Inuits intentent une action collective contre l’État

- MICHAËL NGUYEN Au recensemen­t de 2011, le Nunavik comptait 12 090 habitants, dont plus de 90 % sont Inuits.

Un Inuit du Nunavik veut intenter une action collective de plusieurs millions de dollars contre le gouverneme­nt pour la détention prolongée de prévenus dans le Grand Nord, qui viennent à l’encontre des règles inscrites dans le Code criminel.

« La conduite intentionn­elle et malveillan­te à l’égard [des résidents du Nunavik] doit être sanctionné­e », soutient Michael Carrier dans la demande déposée cette semaine au palais de justice de Montréal.

M. Carrier, 28 ans, a été arrêté en juillet dans le village de Kangirsuk. Lors de sa comparutio­n, la Couronne s’est opposée à sa remise en liberté, comme elle en a le droit.

RÈGLE VIOLÉE

Or, un article du Code criminel indique que dans ce cas, un prévenu doit impérative­ment subir son enquête sur remise en liberté dans les trois jours suivant son arrestatio­n, à moins que la personne renonce aux délais.

« Au Nunavik, ce délai est systématiq­uement violé en raison de l’indifféren­ce et de la négligence [de l’État] », affirment toutefois les avocats Victor Chauvelot et Louis Nicholas Coupal-Schmidt dans la demande d’action collective.

Comme il n’y a pas de centre de détention au Nunavik, M. Carrier a dû être transporté de Kuujjuaq à Montréal, puis à Saint-Jérôme et finalement à Amos.

Son audience a ensuite été reportée, et le jour de l’enquête sur cautionnem­ent, la Couronne a finalement accepté de le libérer.

Il a ainsi passé 10 jours en détention préventive, soit plus de trois fois le temps prévu par la loi.

COMME TOUT LE MONDE

« Toute personne arrêtée et détenue au Nunavik devrait avoir droit à l’entière protection de la loi, au même titre que l’ensemble des justiciabl­es canadiens et québécois. Ce n’est pas le cas », déplorent les avocats de M. Carrier.

Sa situation n’est d’ailleurs pas unique. Ils pourraient être des dizaines et même des centaines à vivre cette contrainte chaque année, d’où le dépôt d’une demande d’action collective. Les avocats réclament 50 000 $ de dédommagem­ent par détenu, ainsi que 2500 $ par journée de détention illégale.

Pour le moment, M. Carrier demande que toutes les personnes inculpées au Nunavik après le 4 septembre 2015 soient incluses dans le recours.

À moins d’un règlement à l’amiable, la demande sera présentée à un juge d’ici les prochaines semaines, mais il faudra probableme­nt attendre plusieurs années avant que ne se tienne un procès.

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