Le vin québécois meilleur grâce à la chaleur
Certains vignerons ont commencé les vendanges avec deux semaines d’avance cette année
LANORAIE | Les vendanges ont commencé avec deux semaines d’avance et la récolte s’annonce exceptionnelle pour les vignerons québécois.
Anthony et Sarah Carone, du Vignoble Carone de Lanoraie, dans Lanaudière, n’en reviennent pas. Ils sont dans leurs champs depuis le 21 août et se dépêchent de ramasser leur raisin avant qu’il ne soit gâté par la chaleur.
« C’est déjà arrivé qu’on ait des saisons hâtives. En 2012, on avait commencé les vendanges le 25 août, mais aussi tôt, c’est la première fois », dit Mme Carone.
Beaucoup de grappes et des raisins très sucrés feront de cette cuvée « une année fantastique », selon Anthony Carone.
Mais cette année pas comme les autres demande quelques adaptations aux vignerons.
« D’habitude, on vendange par temps frais. Là, il fait trop chaud pour le raisin. Au lieu de commencer à 9 h, on commence à 7 h et on arrête à midi. Sinon, une fois cueilli le raisin commence à fermenter avant d’être dans la cuve », dit M. Carone.
Il a aussi été plus difficile de trouver des travailleurs, explique Sarah Carone.
« Le calendrier des récoltes fait que les travailleurs finissent certaines cultures, comme celle du brocoli, avant d’arriver chez nous. Cette année, la saison du brocoli se prolonge, et la nôtre est en avance ! »
À Saint-Pierre de l’île D’Orléans, Alexandre Gaudreault, gérant du Vignoble Isle de Bacchus, prévoit que les vendanges pourraient commencer dans la semaine du 24 septembre.
« Normalement, ici, c’est plutôt fin septembre, début octobre, alors on est en avance. Les raisins sont beaux et le taux de sucre est déjà élevé », dit-il.
RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Au vignoble Le Marathonien, à Havelock, en Montérégie, les vendanges commençaient hier .
« Ici aussi, on a deux semaines d’avance sur notre calendrier normal. Les raisins sont très sucrés, ce sera probablement une année exceptionnelle », dit le propriétaire Jean Joly.
Jean-Paul Scieur, du Vignoble Le Cep d’Argent, en Estrie, prévoit aussi une grande cuvée.
Selon lui, l’hiver a aussi favorisé la bonne récolte.
« Les bourgeons ont bien résisté et on a beaucoup de grappes par pied de vigne », dit M. Scieur. Depuis 30 ans, on compte une quinzaine de jours de plus sans gel.
« Des projections climatiques publiées l’an dernier par le consortium de recherches sur le climat Ouranos montrent que le réchauffement prévu d’ici 2050 va favoriser la culture des grands cépages européens au Québec », dit le météorologue Gilles Brien.