Le Journal de Montreal

LE CARNET DE LA SEMAINE

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SATANÉE QUESTION

C’est parti comme en 2012 : tout le monde tente de définir la maudite « question de l’urne ». À l’époque, cherchant désespérém­ent à simplifier les enjeux, Jean Charest avait importé ce réductionn­isme à l’américaine. Dans une présentati­on « secrète » à ses troupes avant l’élection, il avait défini les choses ainsi : « Qui est le plus compétent pour gérer l’économie dans une période de très grande incertitud­e économique ? Jean Charest et l’équipe libérale avec le Plan Nord et la création d’emplois ? Pauline Marois avec un référendum et la rue ? » Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai jamais vu de telle question sur mon bulletin de vote... Les raisons de voter rouge, bleu, orange ou blanc sont infinies. Au reste, Claude Villeneuve m’a refilé ceci : « J’entends souvent ces temps-ci l’expression “les électeurs qui se décident dans l’urne”. Je ne croyais pas que le vote des morts était un phénomène aussi répandu. »

LEGAULT IMITE COUILLARD

Concernant la péréquatio­n, le chef caquiste François Legault a eu une réponse très couillardi­enne cette semaine. Quand on lui a demandé ce qu’il pensait du fiasco du pipeline TransMount­ain, dans lequel le fédéral a engagé des milliards de deniers publics, dont des dollars québécois, il a répondu : « Ça se passe dans le reste du pays, c’est à Justin Trudeau et aux gens de la Colombie-Britanniqu­e à se poser ces questions. [...] On reçoit aussi 11 milliards par année de péréquatio­n, qui vient beaucoup de la production du pétrole. » Or, le 26 septembre 2014, Philippe Couillard avait déclaré qu’il faudrait accepter de laisser passer le pipeline Énergie Est : « Le gouverneme­nt fédéral dépense 16 milliards de plus qu’il ne perçoit au Québec et […] une grande partie de cette richesse provient de l’exploitati­on des hydrocarbu­res dans l’ouest du pays. » Au moins un sujet à propos duquel ils s’entendent !

LA POUTINE EXPLOSE

La fin de semaine dernière, au casse-croûte Boivin à La Baie au Saguenay, je faisais partie de la caravane libérale qui suivait le chef Philippe Couillard. Ce dernier s’est commandé une moyenne poutine et un Coke Diet. « Un aux trois mois ! » s’est-il exclamé en voyant mes gros yeux fixés sur la canette, yeux qui condamnaie­nt – malgré moi – ces mauvaises habitudes de vie. Pour moi, la poutine n’est qu’un délire de snack bar qui, comme on dit au hockey, joue « au-dessus de sa tête » et commence à se prendre pour un mets national. Le Québec, me semble-t-il, a produit – ou raffiné, ou adapté – bien d’autres mets originaux : bouilli, tourtière, cipaille, pâté chinois, etc. J’en discutais avec Luc Boivin, directeur général de la fromagerie Boivin, venu accueillir le premier ministre. « Attention, m’a-t-il dit en substance, la poutine est, que vous le vouliez ou non, en train d’exploser. Ça devient un produit identitair­e ! Les croisiéris­tes descendent des bateaux et une des premières choses qu’ils font, c’est d’en réclamer ! »

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