Madame Payette
Le décès de Lise Payette en pleine campagne électorale n’est pas sans révéler indirectement le triste état de la classe politique actuelle. Lise Payette était une des dernières grandes figures du premier gouvernement Lévesque. Elle s’est engagée en politique à une époque où on la croyait encore capable de grands projets et où le Québec était porté par un élan d’émancipation remarquable.
POLITIQUE
Quand on pense à cette époque, on résiste difficilement à la tentation de la nostalgie. On a presque envie d’y revenir mentalement en écrivant : « Il était une fois l’histoire d’un peuple assumant pleinement sa culture, qui se croyait capable de grandes choses et qui était fièrement en marche vers le pays. » Mais on devrait ensuite se demander ce qui s’est passé. Comment avons-nous pu nous perdre ainsi en chemin ? Chaque fois qu’un héros de la Révolution tranquille nous quitte, cette question revient nous hanter. Cela a été le cas quand Jacques Parizeau est décédé en 2015. C’est le cas aujourd’hui avec Lise Payette. Ce sera le cas demain avec d’autres figures admirables, quand leur tour viendra.
Nationaliste, progressiste, féministe, souverainiste, Lise Payette ne s’est jamais reniée. Elle demeurait fidèle à ses convictions premières. On pouvait être en désaccord avec elle. Je ne suis pas de ceux qui célébraient toutes ses positions. Au contraire. Mais elle incarnait une parole libre dans une société aseptisée qui a développé le triste réflexe de la pensée moutonnière. Elle refusait de se plier aux interdits idéologiques qui dominent le monde médiatique. Elle pouvait choquer. Elle pouvait heurter, même.
LIBERTÉ
Mais une parole libre, qui peut nous être désagréable, est mille fois plus importante qu’une parole lisse qui est surtout soucieuse de se soumettre au consensus officiel. Lise Payette n’est plus, et nous la regretterons. Méditons néanmoins sur la grande aventure collective à laquelle elle a participé. Elle pourrait nous inspirer.