L’agriculture prend le champ sous Couillard
Après cinq budgets de gouvernement Couillard, un seul portefeuille gouvernemental sur les 22 existants a perdu des plumes par rapport à 2013-14. Et c’est celui de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.
Selon le dernier budget du ministre des Finances Carlos Leitao, le gouvernement Couillard y consacrera au cours du présent exercice financier 2018-19 quelque 875 millions de dollars.
C’est 151 millions de moins qu’il y a cinq ans. Il s’agit d’une baisse de près de 15 % par rapport à l’exercice financier de 2013-14, soit juste avant qu’il prenne le pouvoir en avril 2014. Et si on ajoute le manque à gagner lié à l’inflation, la baisse atteint les 209 millions $, soit 19 %.
Ainsi, chiffres à l’appui, cette importante réduction des dépenses gouvernementales sous le gouvernement Couillard confirme que « l’agriculture a été un domaine négligé, oublié, voire malmené depuis plusieurs années », comme le soulignait hier mon collègue Mario Dumont dans Le Journal.
SITUATION FRUSTRANTE
En 2013-14, les dépenses du gouvernement en agriculture, pêcheries et alimentation représentaient 1,2 % de l’ensemble des dépenses gouvernementales consolidées allouées aux portefeuilles ministériels.
Cette année, le gouvernement Couillard ne consacre à ce secteur, aussi névralgique soit-il, même pas 1 % de ses dépenses ministérielles. On parle de neuf dixièmes de un pour cent.
Encore plus frustrant pour nos agriculteurs, c’est de constater que les dépenses gouvernementales consacrées à l’agriculture, les pêcheries et l’alimentation soient passées de 1,03 milliard $ (en 2013-14) à seu- lement 875 millions $ cette année, alors que durant cette même période de cinq ans, les revenus consolidés du gouvernement Couillard grimpaient de 16 milliards de dollars.
SÉDUCTION ÉLECTORALE
Séduction électorale oblige, les agriculteurs retiennent de ce temps-ci l’attention des partis politiques qui, unanimement, les appuient dans la guerre que le président américain Donald Trump mène contre nos agriculteurs et la gestion de l’offre.
Philippe Couillard et ses lieutenants économiques ont d’ailleurs sauté sur l’occasion pour inclure les agriculteurs dans le nouveau plan d’aide financière de 863 millions $ sur cinq ans que le gouvernement Couillard a annoncé une semaine avant le déclenchement officiel de la campagne électorale.
Selon Philippe Couillard, ce plan répond notamment aux « agriculteurs qui se demandent si ce qu’ils ont passé leur vie à bâtir avec fierté sera encore rentable dans quelques années… »
Et aux yeux de son ministre de l’Agriculture Laurent Lessard, l’annonce de ce plan « vient ainsi confirmer l’intérêt de notre gouvernement de maintenir un secteur agricole fort sur les marchés et, ainsi, de stimuler l’économie de nos régions », a-t-il déclaré.
Voilà pour les belles paroles. Maintenant, j’inviterais le premier ministre et son ministre à faire preuve de modestie face au supplément d’aide financière qu’ils viennent d’annoncer pour soutenir la compétitivité de nos agriculteurs.
L’aide financière se résume à un montant de 45 millions de dollars, réparti 50-50 cette année et l’an prochain. Cela représente à peine 5 % de l’enveloppe des 863 millions $.
Vraiment pas de quoi se vanter !