Pangea doit défendre son modèle en pleine campagne électorale
Malgré la promesse du chef du PLQ, Philippe Couillard, de plafonner à 100 hectares par année la superficie maximale des terres que pourrait acquérir un fonds d’investissement, Pangea continue de défendre son modèle d’affaires.
« Nous trouvons malheureux que notre modèle fasse l’objet d’un débat qui semble être politique, car l’objectif de Pangea est de développer l’agriculture au Québec et de permettre à des agriculteurs de bien en vivre », a réagi la société agricole par courriel.
En avril 2018, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec a rendu publique une analyse du modèle d’affaires de Pangea, qui compte parmi ses investisseurs la Caisse de dépôt et placement et le Fonds de solidarité FTQ.
ACCUEIL FAVORABLE DE L’UPA
En dépit d’un rapport plutôt complaisant, le ministre de l’époque, Laurent Lessard, avait reconnu que cette forme d’exploitation « n’était pas un exemple d’agriculture traditionnelle et familiale », et il s’était dit également préoccupé par le « caractère expansif » des fonds d’investissement présents dans Pangea.
La promesse de M. Couillard a été bien accueillie par l’Union des producteurs du Québec (UPA).
« C’est l’une de nos recommandations. C’est sûr que ça ne va pas aussi loin que l’on suggérait, mais il faudra attendre plus de détails pour voir si cela peut régler le problème d’accaparement des terres », a réagi Marcel Groleau, président général de l’UPA.
De 2013 à 2017, Pangea a fait l’acquisition de 5878 hectares, avec une moyenne de 980 hectares par année, ce qui dépasse largement le seuil promis par M. Couillard. L’UPA suggère de faire une exception pour les transferts intergénérationnels.
CRÉATION D’UNE FIDUCIE À L’ÉTUDE
« On ne veut pas forcer une famille à morceler sa terre pour la passer à la génération suivante », a souligné M. Groleau, qui affirme qu’il est impératif de prévenir au Québec l’accaparement des terres agricoles par des fonds d’investissement.
La création d’une fiducie, avec la participation du Fondaction CSN, est toujours sous analyse par l’UPA. Cette fiducie aurait le mandat d’acheter et de revendre des terres à des agriculteurs.
« La fiducie n’achètera pas pour demeurer propriétaire des terres. Si on forme une fiducie dont la vocation est de maintenir les terres et de les transférer à la relève, j’imagine que cela sera considéré dans le projet de loi. L’objectif de la fiducie n’est pas de concentrer des terres dans un portefeuille. L’objectif est de les transférer à la relève », a dit M. Groleau, en affirmant que les rencontres se poursuivent.