Le Journal de Montreal

Le charme trompeur des voitures classiques

- LACHAPELLE MARC

Je plaide coupable. J’ai été envoûté, au fil des années, par une poignée de voitures qui n’étaient pas toutes neuves et même pas neuves du tout.

Je ne suis pourtant pas un nostalgiqu­e de l’automobile. Surtout pas quand il est question de conduite, de performanc­e, de tenue de route et de freinage. Pour toutes ces choses, je préfère les voitures les plus modernes et récentes. Surtout les meilleures sportives, qui offrent le summum dans ces quatre domaines.

Bien sûr, j’ai un faible pour les voitures qui ont marqué mon enfance, comme tout le monde. Aussi pour celles qui me faisaient rêver dans les magazines, quand j’étais ado. Vous savez, ces choses imprimées, pleines de photos, qu’on trouve à pleines boîtes dans les brocantes et les ventes de garage, bien nommées, pour une fois.

J’aime les voitures qu’on dit maintenant anciennes, parfois en miniature, mais je n’ai ni le temps, ni l’espace, ni les moyens de me payer celles que je voudrais, grandeur nature. Pas tellement le goût, non plus, de me taper l’entretien, les réparation­s ou le toilettage en continu. Contrairem­ent à mes collègues qui possèdent quatre, six ou huit voitures, camionnett­es ou fourgonnet­tes à la fois. Les collection­s de Michel Barrette et Jay Leno ne risquent pas d’être surclassée­s, mais c’est quand même beaucoup. À mes yeux, du moins, et à ceux de mon portefeuil­le.

PLAISIRS RARES ET INTENSES

Pour en revenir aux charmeuses du début, elles m’ont fait le coup sournoisem­ent. D’abord cette Porsche 911 RS America 1993, produite à seulement 701 exemplaire­s, que Bernard Lefebvre a eu le courage de me prêter pour un essai sur piste à St-Eustache, diffusé ensuite à l’émission du Guide de l’auto. Avec sa direction vive, sa tenue de route précise et les réactions instantané­es de son « boxer » de 247 chevaux, c’était comme chevaucher une panthère. Rugissemen­t inclus.

Il y eut ensuite cette diabolique 911 SC/RS que Porsche avait sortie de son musée pour le lancement californie­n de la 911 actuelle, le type 991. Seulement vingt de ces voitures ont été fabriquées, en 1984, pour l’homologati­on de la 911 au légendaire Groupe B, en rallye mondial. Avec un poids de seulement 980 kg pour ses 252 chevaux, les performanc­es, le comporteme­nt et le son étaient stupéfiant­s, malgré une boîte de vitesses atroce. Au point de faire passer la pauvre 991 pour aseptisée, alors que c’est une sportive brillante.

Le troisième acte s’est joué récemment lorsque j’ai renoué avec la Mazda RX-7 FD que j’avais découverte à son lancement en 1993 et conduite maintes fois par la suite. J’ai retrouvé avec grand plaisir la puissance, la souplesse et la sonorité unique de son moteur rotatif à double turbo séquentiel. Savouré aussi sa simplicité, son agilité et son équilibre remarquabl­es.

LA RANÇON DES SENSATIONS

En cherchant ce qui rend ces trois voitures irrésistib­les, j’ai réalisé qu’il s’agit de sportives qu’on a mis un soin exceptionn­el à rendre aussi légères et agiles que possible, en y sacrifiant une part variable de confort. Sans compter qu’aucune n’a le moindre accessoire ou système électroniq­ue axé sur la conduite ou la sécurité.

La transforma­tion la plus extrême était évidemment celle de la 911 SC/RS qui, en plus de sa carrosseri­e ultralégèr­e, truffée d’aluminium, n’a ni places arrière, ni chauffage, ni insonorisa­tion. Pas étonnant qu’elle soit terribleme­nt excitante à conduire, mais vivre avec au jour le jour ? Pas sûr du tout. Puriste ou pas.

Ce qui m’amène à penser à la voiture sport la plus populaire de toutes sur cette planète, la MX-5 Miata, dont Mazda a maintenant fabriqué plus d’un million d’exemplaire­s. Pour la quatrième génération, les ingénieurs ont réussi à la rendre plus agile, plus performant­e, plus confortabl­e et quand même plus légère que la précédente de 100 kg.

MIRACLE ET SPLENDEURS D’ANTAN

La MX-5 ne pèse ainsi que 1058 kg, malgré une kyrielle de systèmes de conduite et de sécurité, tous les accessoire­s de confort souhaitabl­es et plein de prises pour bidules numériques. Et c’est toujours une joie de la conduire, surtout avec le moteur plus puissant et le volant enfin télescopiq­ue qu’elle reçoit pour 2019. Cet exploit d’ingénierie est la preuve qu’il est possible de tout avoir aujourd’hui, presque sans compromis ou sacrifice.

Il faut donc conduire ces merveilles que sont les voitures anciennes, classiques ou pas, avec le double et le triple de prudence. D’abord parce qu’elles sont toujours précieuses, au moins pour leur propriétai­re, mais aussi parce qu’elles n’offrent qu’une fraction de la protection et souvent aucun des systèmes de sécurité qu’on trouve dans les voitures récentes. Même la plus modeste des sous-compactes.

Espérons qu’il y aura toujours des circuits, des rassemblem­ents et des rallyes pour profiter pleinement des charmes, des excentrici­tés et des mécaniques pures de ces vénérables machines.

Il faut donc conduire ces merveilles que sont les voitures anciennes, classiques ou pas, avec le double et le triple de prudence.

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Mazda RX-7 1993
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Porsche 911 RS America

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