Kotkaniemi vu par Koivu
Lorsqu’un hockeyeur de 17 ans joue contre des hommes et qu’il est sélectionné troisième au repêchage de la Ligue nationale, c’est signe qu’il est voué à un bel avenir dans son sport. C’est le cas de Jesperi Kotkaniemi, premier choix du Canadien en juin dernier.
« C’est rare qu’un joueur de cet âge évolue dans une ligue pour hommes », dit Saku Koivu au bout du fil. « On ne voit pas ça souvent. » L’ancien capitaine et joueur de centre du Tricolore avait le même âge à ses débuts dans la Ligue élite finlandaise. Mais il avait atteint la majorité en novembre. Kotkaniemi a célébré ses 18 ans en juillet cette année.
« Souvent, on s’attend à ce que ce type de joueur marque des buts à la pelletée dès sa première année professionnelle », continue Koivu.
« Mais ça ne marche pas comme ça. »
LE POULAIN DE J.C. TREMBLAY
Koivu avait compilé une fiche bien modeste de trois buts et sept mentions d’aide en 46 matchs à sa première saison chez les pros, en Finlande. Il portait les couleurs de l’organisation de sa ville natale, le TPS de Turku.
Cela n’avait pas empêché le Canadien d’en faire son premier choix au repêchage de 1993, qui s’était tenu au Colisée de Québec. C’était moins de trois semaines après la plus récente conquête de la coupe Stanley du club montréalais. Koivu n’était pas sur place.
La direction s’était fiée à l’expertise de Jean-Claude Tremblay, son ancien défenseur qu’elle avait embauché comme recruteur en Europe, pour choisir Koivu. Tremblay croyait en Koivu. Il le voyait dans sa soupe. Il l’avait vu briller au niveau junior.
Koivu avait bien fait, d’ailleurs, au Championnat mondial junior alors qu’il avait été prêté à l’équipe nationale à sa première saison professionnelle. Il était toujours à son mieux dans les compétitions internationales.
Une fois bien implanté chez les pros, il a connu des saisons de 53 points en 47 matchs et de 74 points en 45 rencontres avant de mettre le cap sur Montréal.
Malheureusement, Tremblay n’était plus de ce monde pour voir les résultats.
CONSTANT DU DÉBUT À LA FIN
Kotkaniemi a fait mieux que Koivu statistiquement parlant à titre de recrue avec l’Assat de Pori, la saison dernière, en récoltant 29 points (10-19) en 57 matchs. Koivu l’a vu jouer grâce à son rôle de responsable du programme de développement du TPS de Turku.
« Ce qui m’a le plus impressionné, c’est sa constance », indique-t-il.
« En temps normal, les recrues vont bien performer pendant les 10 à 15 premiers matchs. Ils sont rattrapés par la fatigue en deuxième moitié de saison, mais ce n’est pas arrivé dans son cas. »
JOUEUR QUASI COMPLET
Koivu le décrit comme un joueur pratiquement complet.
« Il possède la capacité de bien jouer dans les trois zones », reprend Koivu.
« Il est très responsable en défense. C’est un bon fabricant de jeu qui peut marquer des buts. Il y a peu de choses qu’il ne peut pas faire. »
Koivu a obtenu aussi de bons rapports d’entraîneurs qui l’ont dirigé.
« Je n’ai rien entendu de négatif à son sujet », ajoute-t-il.
« Il est très mature et possède un bon sens du jeu. Il a un côté leader. Mais quand on parle d’un jeune joueur, il faut savoir user de patience et attendre qu’il atteigne sa maturité physique. »
C’est ce que m’avait dit aussi Jari Kurri quand je l’ai rencontré dans le cadre d’une activité du Panthéon du hockey dans les jours suivant la sélection de Kotkaniemi par le Canadien.
« On ne sait jamais non plus », enchaîne Koivu.
« Les jeunes joueurs apprennent rapidement de nos jours. Auston Matthews était prêt mentalement et physiquement pour la Ligue nationale quand il a été repêché. Mais ce n’est pas fréquent.
Il faudra compter une ou deux autres années avant que Kotkaniemi devienne un homme. Il est très jeune. »
ÉTUDES ET ARMÉE
Koivu avait attendu deux ans avant de rallier les rangs du Canadien.
« Je ne me sentais pas à l’aise à l’idée de tenter ma chance à 18 ou 19 ans », dit-il.
« Je voulais aussi terminer mes études. »
Il en avait profité pour faire son service militaire qui est obligatoire en Finlande. Un joueur peut toujours quitter le pays sans passer par là, mais le règlement veut qu’il fasse son service plus tard dans sa vie.
On peut dire que Koivu aura servi son pays à tous les niveaux.