Le Journal de Montreal

La triste histoire de bobonne

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau @quebecorme­dia.com

Ainsi, s’ils sont réélus, les libéraux vont faire plafonner les tarifs de stationnem­ent des hôpitaux à 7 $ l’heure.

Ils vont aussi offrir les deux premières heures gratuites.

Euh… Ça fait quatre ans que Philippe Couillard est premier ministre. Ça ne lui tentait pas de faire ça avant ? Il aura fallu l’arrivée prochaine d’une élection pour qu’il voie soudaineme­nt la lumière ?

FAIRE LA COUR

Question quiz : si les libéraux trônaient au sommet des sondages, s’ils nageaient le vent dans le dos et s’ils étaient sûrs de gagner les élections, vous croyez qu’ils nous promettrai­ent tous ces cadeaux ?

Poser la question, c’est y répondre. Quand les politicien­s te cruisent, tu es la personne la plus importante au monde. Tous les soirs, ils se pointent sous ton balcon pour te chanter la sérénade. « Oh, mon amouuuuur, je t’aime pour toujouuuuu­urs ! » C’est fou tout ce qu’ils feraient pour obtenir ta main et se glisser dans ton lit. Des cadeaux, en veux-tu, en v’là ! Des fleurs, des bijoux, des robes… Mais une fois que tu dis OUI, une fois qu’ils t’ont passé la bague au doigt, ils te tiennent pour acquis et se désintéres­sent complèteme­nt de toi. Tu étais la plus belle de toutes les femmes, tu deviens bobonne. Tout juste s’ils te disent « Bonjour » quand ils te croisent, le matin.

Et quand, au bout de quatre ans, tu menaces de faire ta valise et de prendre tes cliques et tes claques, ils se mettent à genoux et te supplient de rester.

« Ne pars pas ! Non, chérie, ne me quitte pas ! Tu vas voir, je vais changer, je vais t’apporter des fleurs tous les jours, ça va être comme avant, quand je te faisais la cour ! Tiens, je t’invite au restaurant, ce soir ! »

Trop tard, Charlie ! T’aurais dû y penser avant. Bobonne en a ras le pompon.

L’AUTRE ROMÉO

De toute façon, bobonne a trouvé un autre soupirant. Johnny CAQ. Pendant que tu passais tes soirées à la brasserie avec tes chums de la constructi­on, Johnny CAQ, lui, venait sous mon balcon me chanter de belles sérénades — comme tu le faisais quand on n’était pas marié. Il est fin, lui. Il me trouve belle, lui. Séduisante, désirable. J’ai l’impression d’avoir à nouveau 20 ans quand il me regarde. Alors, bye bye Charlie ! Je te laisse pour Johnny CAQ. Malheureus­ement, deux mois après avoir dit Oui à Johnny, ça va être la même maudite affaire. Il ne nous compliment­era plus. Il ne nous embrassera plus. Il ne nous remarquera même plus. Et on redeviendr­a bobonne. Jusqu’aux prochaines élections, où Johnny se souviendra comme par magie qu’il est marié… Toujours la même histoire. Toujours la même rengaine.

DIVORCE EN BLANC

Un jour, bobonne va se fâcher. Elle va envoyer promener tous ses soupirants. De toute façon, ça finit toujours en eau de boudin, alors…

Ils vont tous rester là, devant la porte, avec leur bouquet de fleurs dans les mains, l’air piteux. Philippe, François, Jean-François, Manon. Bobonne va tous leur tourner le dos. Fini, les robes de mariée blanches ! Le seul truc qui va être blanc, ça sera son vote.

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